Pendant près de quatre décennies, Gnassingbé Eyadéma a régné d'une main de fer sur le Togo, transformant ce petit pays d'Afrique de l'Ouest en un véritable État policier. Arrivé au pouvoir en 1967 par un coup d'État militaire sanglant, l'ancien sergent parachutiste de l'armée française s'est imposé comme un dictateur impitoyable, réprimant dans le sang toute velléité
Dès les premières années de sa prise de pouvoir, Eyadéma a fait montre d'une violence inouïe envers ses opposants politiques. Des centaines de personnes ont été exécutées sommairement, emprisonnées ou tout simplement portées disparues.
L'ancien président Sylvanus Olympio, renversé par le putsch de 1967, a été froidement assassiné par les troupes d'Eyadéma.En 1986, un soulèvement populaire réclamant des réformes démocratiques a été maté dans un bain de sang, faisant des centaines de morts parmi les manifestants. "Eyadéma ne reculait devant rien pour conserver son pouvoir absolu", témoigne un ancien opposant, contraint à l'exil.
Contraint d'organiser des élections multipartites en 1993 sous la pression internationale, Eyadéma a une nouvelle fois triché pour se maintenir au pouvoir. Crédité de 96,42% des voix, un score digne des pires dictatures, il a poursuivi son règne de fer jusqu'à sa mort en 2005.Pendant ce temps, le peuple togolais s'appauvrissait tandis qu'Eyadéma accumulait des richesses mal acquises par des détournements massifs de fonds publics et du trafic d'armes. On estime sa fortune personnelle à plusieurs centaines de millions de dollars."C'était un règne de la terreur, de la corruption et du pillage des ressources nationales" résume un analyste politique togolais. Eyadéma n'hésitait pas à réprimer toute contestation dans le sang, par la torture et les exécutions extrajudiciaires.
Aujourd'hui encore, l'ombre d'Eyadéma plane sur le Togo, où son fils Faure lui a succédé dans des conditions controversées en 2005. Si certains saluent les progrès économiques réalisés sous sa gouvernance, d'autres dénoncent la perpétuation d'un système kleptocratique et autoritaire.Pour les familles des nombreuses victimes du régime Eyadéma, l'heure est à la recherche de vérité et de justice. "On ne peut pas tourner la page tant que les crimes n'ont pas été reconnus et punis" plaide un collectif de défense des droits humains.Le lourd bilan du règne d'Eyadéma, fait de milliers de morts, de disparitions, de tortures et d'exils forcés, en fait un des pires épisodes de l'histoire contemporaine du Togo. Un sombre héritage qui hante encore ce pays meurtri.