Alors que l’ONU reconnaît 54 Etats en Afrique, d’autres pays voudraient être reconnus par l’Assemblée générale des Nations unies.
C’est l’une des questions qui fâche. Un simple nombre peut en effet provoquer des débats géopolitiques insolubles. Alors, combien le continent africain compte-t-il de pays ? Officiellement, la réponse est simple : l’Organisation des Nations unies (ONU) reconnaît 54 Etats africains. Le dernier en date est le Soudan du Sud, qui a adhéré à l’organisation internationale le 14 juillet 2011. Mais la réalité est plus complexe. Car à y regarder de plus près, on trouve trace de plusieurs autres Etats ayant proclamé leur indépendance, mais dont cette dernière n’est pas reconnue par l’ONU.
D’ailleurs, il existe une étonnante différence entre la comptabilité des Nations unies et celle de l’Union africaine (UA). Au sein de l’institution africaine, on comptait bien 54 Etats membres avant 2017. Mais c’est parce que le Maroc n’avait pas encore réintégré l’UA. Or, depuis le 30 janvier 2017, le royaume chérifien a fait son retour au sein de l’Union africaine, qui compte aujourd’hui… 55 membres. Soit un de plus que l’ONU.
Sahara occidental : l’UA dit oui, l’ONU dit non
C’est en 1982 que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a adhéré à ce qui était autrefois l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’UA. C’est cette adhésion qui a provoqué le départ du Maroc de l’organisation deux ans plus tard. Mais si 70 pays — ils seraient aujourd’hui une cinquantaine — ont reconnu à un moment ou à un autre l’indépendance du Sahara occidental, la RASD n’a jamais réussi à être reconnue par l’ONU ni par plusieurs autres organisations — Ligue arabe, Union du Maghreb arabe et Organisation de la coopération islamique.
Un débat que l’on retrouve également dans le football. Si selon Wikipédia, la Confédération africaine de football (CAF) compte 56 pays membres, dont 54 qui le seraient également à la FIFA, la CAF affirme sur son site regrouper 54 associations membres. La carte interactive de la CAF représente d’ailleurs le Sahara occidental à l’intérieur du Maroc. En mars dernier, le royaume chérifien a poussé la CAF à modifier ses statuts pour empêcher une potentielle adhésion des pays non reconnus par les Nations unies, visant ainsi la RASD. On ne trouve pas plus de trace d’ailleurs de Zanzibar que de la RASD. L’adhésion de Zanzibar avait été votée en 2017 et était censée faire de ce territoire le « 55e membre de la CAF ».
Somaliland, le pays qui n’existe pas
Autre pays qui fait débat : le Somaliland, qui existe depuis le 18 mai 1991. Comme le Tibet, la République du Somaliland a déclaré unilatéralement son indépendance mais l’Assemblée générale de l’ONU n’a jamais accepté une reconnaissance de ce territoire comme un Etat à part entière. Situé au nord-ouest de la Somalie, ce bout de terre d’à peine 176 000 kilomètres carrés dispose de tout ce qui fait un Etat : des dirigeants, un parlement, une armée et même sa propre monnaie.
S’il est considéré comme un pays qui n’a aucune existence légale, le Somaliland entretient pourtant des relations diplomatiques ou commerciales avec plusieurs Etats : de l’Ethiopie à Djibouti, en passant par le Kenya et l’Ouganda, des pays qui commercent ou discutent avec les autorités du Somaliland, sans pourtant accepter de reconnaître le territoire comme un Etat autonome. Depuis la proclamation de son indépendance, la République demande le droit d’exister et a même organisé un référendum constitutionnel sur l’indépendance. Mais les Nations unies sont restées sourdes aux appels des dirigeants du territoire et préfèrent discuter avec la Somalie. Une autre région somalienne a déclaré son autonomie — et non son indépendance — en 1998 : le Puntland.