Depuis plus d'un an, le Soudan est en proie à une guerre opposant l'armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide du général Hemmedti.
Cette confrontation a atteint un nouveau niveau critique avec l'assaut des forces de Hemmedti sur El Fasher, la principale ville du Darfour, tenue jusqu'à présent par l'armée régulière. Des échanges de tirs à l'arme lourde ont été rapportés, plongeant la région dans une spirale de violence sans précédent.
Les Nations unies expriment une vive inquiétude face à cette escalade des hostilités. Antonio Guterres, Secrétaire général de l'ONU, se dit "très inquiet" de la situation. Les rapports de terrain confirment une augmentation significative des combats autour d'El Fasher, comme l'a souligné Martin Griffiths, adjoint aux Affaires humanitaires, sur les réseaux sociaux.
Les détails de la situation, fournis par l'envoyée spéciale de l'ONU au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, sont des plus préoccupants. Des tirs à l'arme lourde sont signalés, avec des attaques ciblant des zones densément peuplées, causant de nombreuses victimes parmi les civils. Les hôpitaux d'El Fasher sont débordés par l'afflux de blessés, tandis que ceux tentant de fuir se retrouvent piégés dans les affrontements.
Clémentine Nkweta-Salami lance un appel pressant à toutes les parties en conflit pour épargner la ville, qui abrite une population estimée entre 800 000 et deux millions de personnes. Ces derniers mois, El Fasher a accueilli un grand nombre de déplacés internes fuyant les violences et les exactions à caractère ethnique qui ravagent la région du Darfour.
La composition ethnique de la ville soulève également des préoccupations, avec une population majoritairement non-arabe parmi les déplacés internes, tandis que les miliciens des Forces de soutien rapide sont principalement recrutés parmi les tribus arabes. Cette situation fait craindre à de nombreux experts et militants de la société civile soudanaise un nouveau bain de sang, à l'instar de ce qui s'est déroulé à El Geneina l'an dernier, où entre 10 000 et 15 000 Massalit ont été massacrés.
L'inquiétude est d'autant plus grande que les voies d'évacuation vers les pays voisins sont bloquées par les Forces de soutien rapide, suscitant des craintes quant à l'ampleur potentielle de l'offensive sur la ville d'El Fasher. La situation demeure critique et incertaine, soulignant l'urgence d'une intervention internationale pour mettre fin aux combats et protéger les civils pris au piège de cette violence aveugle.