Une page historique de la démocratie sud-africaine s'est tournée vendredi 14 juin avec l'élection de Cyril Ramaphosa pour un second mandat présidentiel. Mais au-delà du nom du locataire de la présidence, c'est la donne politique tout entière qui s'est retrouvée bouleversée.
Contraint de former une coalition gouvernementale après avoir essuyé un revers cinglant aux élections du 29 mai, le Congrès national africain (ANC) a dû renoncer à son règne sans partage sur la politique sud-africaine depuis la fin de l'apartheid. Avec seulement 40% des voix, bien loin de ses 57% de 2019, le parti historique de la libération a admis avoir "perdu le pouvoir".
Face à cette débâcle, l'ANC n'a eu d'autre choix que d'inviter tous les partis à négocier un gouvernement d'union nationale. Un pari payant puisqu'il a permis la signature d'un accord inédit avec l'Alliance démocratique (DA), principal parti d'opposition de centre-droit qui a recueilli près de 21,8% des suffrages.Malgré les critiques de l'EFF (9,5%) et du parti de l'ex-président Zuma (14,6%) qui l'accusent d'une alliance avec "le monopole capitaliste blanc", l'ANC défend cet accord comme reflétant la nouvelle donne électorale.
Au-delà du partage du pouvoir, cet accord pourrait marquer un profond rééquilibrage du paysage politique autour des deux principales forces désormais, selon les analystes. Un développement qui rassure les marchés , inquiets d'éventuelles dérives qu’ils appellent "populistes" car ils pourraient nuire à leurs intérêts.
La déclaration d'intention signée par les partis membres pose les bases d'un gouvernement visant une croissance "rapide, inclusive et durable", tout en maintenant les filets sociaux chers à l'ANC. Mais les mécanismes de prise de décision requièrent l'approbation d'au moins 60% des sièges, garantissant un rôle clé à l'ANC et la DA.
Si l'avenir reste incertain, une "nouvelle ère" s'ouvre pleine de défis pour ce gouvernement d'union nationale inédit, chargé de répondre aux immenses attentes d'une population lassée de l'immobilisme de l’ANC ,de la main mise des blancs sur l'économie mais surtout de la corruption.