La décision de la Cour constitutionnelle de disqualifier Jacob Zuma des élections du 29 mai soulève des questions et des comparaisons intéressantes.
En effet, plus qu’une sanction judiciaire, à neuf jours du scrutin, il s’agit clairement d’une décision politique dans un contexte où l’ANC de Cyril Ramaphosa semble en perte de vitesse, directement menacée par la candidature de Zuma.Dans un scrutin de liste à la proportionnelle pour élire les 400 députés que change réellement cette décision ?
Bien que disqualifié, Zuma ne quitte pas pour autant la campagne. Il "figurera" toujours sur les bulletins de vote, sa photo étant apposée aux côtés de l'Umkhonto we Sizwe (MK) son parti.
Zuma reste la figure centrale du MK, fondateur du parti, il sait mobiliser ses partisans. Son charisme et son influence resteront intactes voire renforcés. Car comme partout dans le monde une telle décision prise à seulement neuf jours des élections, est souvent perçue comme un acharnement politico-judiciaire.
Tout récemment au Sénégal, l'opposant Ousmane Sonko a été disqualifié de la présidentielle de 2024 suite à des manipulations par l’ex président Macky Sall des institutions judiciaires. Cela n’à pas empêché le numéro 2 du parti Bassirou Faye de se faire élire au premier tour et de nommer "son président " premier ministre.
Aux États-Unis, Donald Trump fait également face depuis de nombreuses années à des poursuites judiciaires perçues comme des tentatives de disqualification politique. Toutes ces actions judiciaires renforcent mécaniquement la perception de persécution et semble davantage mobiliser les bases électorales des politiciens qui en sont les cibles. C'est d’ailleurs ce que révèlent les sondages américains et ce qui c'est passé au Sénégal.
Ironiquement, la disqualification de Jacob Zuma devrait donc bénéficier au MK de Jacob Zuma. En expliquant les raisons de cette persécution, le parti pourrait attirer la sympathie des électeurs indécis et renforcer la mobilisation de sa base.. En somme, la décision de la Cour constitutionnelle pourrait avoir des répercussions profondes et complexes sur le paysage politique sud-africain.