by Aly Jonas

Biens mal acquis africains : maintenant c'est Dubaï

Biens mal acquis africains : maintenant c'est Dubaï

Une enquête récente, baptisée "Dubai Unlocked", a mis au jour un réseau complexe de transactions immobilières impliquant les proches de chefs d'État africains. 

Marie-Madeleine Mborantsuo, autrefois une figure emblématique de la scène politique gabonaise, se retrouve aujourd'hui au centre d'une affaire retentissante. Pendant trente-deux ans, elle a occupé le poste prestigieux de présidente de la Cour constitutionnelle, étroitement liée à l'ancien président Omar Bongo. Mais son influence et son statut ont été ébranlés par le renversement du régime par une junte militaire en 2023.

Depuis lors, des juges d'instruction parisiens mènent une enquête approfondie sur les activités financières de Mme Mborantsuo. Les accusations de blanchiment de détournement de fonds publics ont été ravivées par une fuite de données confidentielle, nommée "Dubai Unlocked", à laquelle Le Monde a eu accès. Cette fuite révèle que Mme Mborantsuo et ses enfants ont dépensé une somme colossale pour acquérir un portefeuille immobilier à Dubai, évalué à 24 millions de dirhams émiratis en hiver 2013.

Cependant, Mme Mborantsuo n'est pas un cas isolé. La fuite de données expose un réseau étendu d'investissements immobiliers à Dubai impliquant les proches de nombreux dirigeants africains. Ces transactions, souvent bien au-delà des moyens officiels des investisseurs, soulèvent des questions sur l'origine et la légalité des fonds utilisés.

Les sommes astronomiques dépensées pour ces propriétés à Dubai ne correspondent guère aux revenus officiels des intéressés, jetant ainsi une lumière crue sur les pratiques opaques qui caractérisent souvent la gouvernance en Afrique. Alors que les enquêtes judiciaires se poursuivent, ces révélations pourraient bien marquer un tournant dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent à l'échelle continentale.

Dans ce contexte, Dubai apparaît comme la nouvelle plate-forme des dérives financières qui gangrènent certains régimes africains, offrant un refuge pour les richesses acquises souvent de manière douteuse. La poursuite de ces enquêtes pourrait non seulement aboutir à des réformes législatives mais également marquer un pas décisif vers la reddition de comptes pour ceux qui ont abusé de leur pouvoir et détourné les ressources de leur pays au détriment de leur peuple.