Dans un geste lourd de conséquences, la Cour d'État du Niger a levé vendredi l'immunité de Mohamed Bazoum, l'ancien président renversé par un coup d'État militaire le 26 juillet 2023. Cette décision judiciaire pourrait ouvrir la voie à la tenue d'un procès très attendu contre celui qui était encore il y a près d'un an le chef de l'État.
Depuis sa destitution, M. Bazoum est détenu avec son épouse Hadiza dans des conditions qualifiées de "spartiates" au sein même de la résidence présidentielle à Niamey.
Les nouveaux dirigeants du Niger l'accusent de faits extrêmement graves : complot contre la sûreté de l'État, trahison, apologie et financement du terrorisme. Ils lui reprochent surtout d'avoir sollicité une intervention militaire étrangère auprès de la France et des États-Unis pour le maintenir au pouvoir face aux putschistes.
Dès décembre 2023, la Cour de justice de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) avait ordonné la libération de Mohamed Bazoum, une injonction restée lettre morte tant la CEDEAO est peu crédible.
Exclu de l'organisation régionale en janvier, le Niger avait finalement obtenu une levée des sanctions économiques. Avec cette décision de la Cour d'État, instituée par la junte, c'est désormais l'indépendance même du système judiciaire nigérien qui est remise en cause, selon de nombreux observateurs qui semblent oublier quil n’y a jamais eu d'indépendance de la justice dans ce pays comme dans la plupart des pays africains. Un nouveau sombre épisode dans la crise que traverse ce pays.