Le fondateur de l’Economic Freedom Fighters est en train de changer, assure la presse sud-africaine. Et pourtant, Julius Malema peut-il réellement devenir fréquentable ?
La question ne se pose pas vraiment, tant on sait que l’ancien membre de l’ANC est violent dans ses discours depuis de nombreuses années. Déjà condamné pour incitation à la haine, apologie de viol, racisme et appel au génocide contre les fermiers blancs, Malema aurait pu atténuer ses discours. Sauf qu’en 2023, il appelait encore, dans une chanson, à « tuer les Boers ».
Julius Malema, le symbole de la division
Pas étonnant, dès lors, que les chiffres avancés soient si fantaisiste : Malema n'est ni détesté ni aimé , il comble le vide du manque de pluralité politique . Et si le leader de l’EFF espère faire un bon résultat pour ce qui pourrait être sa dernière présidentielle, il aura bien du mal à dépasser le plafond de verre, dû en partie aux craintes des électeurs qui savent qu’avec Julius Malema, le pays se dirigera vers la division. L'arrivée du MK, le parti de Jacob Zuma ne peut que l'affaiblir , lui et l'ANC.
Le double discours de Julius Malema
La seule solution pour éviter la déroute, pour Malema, est donc d’atténuer ses discours ce qui l'amènerait a "se renier " vis a vis de son électorat qui ne trouve chez lui qu'un défoulement de leur colère justifiée au vu de la situation socio-économique . S’il mêle humour et discours plus lices pendant sa campagne, Julius Malema reste Julius Malema. Ce ne sont pas ses changements de tenue qui peuvent le conforter politiquement. Mais tout cela ne le rend pas plus fréquentable, en vue d’une coalition avec l’ANC, qui ne prendra pas le risque d' imploser son électorat et le parti avec une telle alliance.
Pour devenir fréquentable, Malema a une stratégie simple : cacher ses propositions les plus radicales et les plus extrêmes de son programme pour se concentrer sur des promesses liées à la vie quotidienne des Sud-Africains, comme sur le salaire minimum. Pourtant, Julius Malema veut nationaliser les mines, les banques et la finance. Mais cette partie de son programme, l’EFF a voulu la mettre sous le tapis, comme pour devenir un parti comme les autres.
Qui finance l’EFF ?
Cependant, l’EFF a un autre problème : il ne peut faire la démonstration de sa capacité à gouverner loin s'en faut. C’est sans doute la grande différence avec Jacob Zuma, lui le compagnon historique de Nelson Mandela de la prison à la fin de l'apartheid.
S’il tente de devenir fréquentable, Julius Malema a un autre problème : personne ne sait d’où il parle. L’EFF n’a en effet pas soumis la liste des bailleurs de fonds qui financent sa campagne à la Commission électorale indépendante (CEI). D’où viennent les millions de l’EFF ? Malema assure que les banques lui ont prêté de l’argent. Les mêmes banques qu’il voudrait nationaliser. Entre les discours de Malema et les actes, il existe un vrai décalage. Car pour un leader d’extrême gauche, difficile de concilier un look à la "Che Guevarra " et le financement de sa campagne par le leader de la cigarette dans le pays, Adriano Mazzotti.