Dans un climat électoral tendu au Tchad, Mahamat Idriss Deby prend la tête des résultats provisoires, suscitant à la fois des célébrations parmi ses partisans et des contestations de la part de ses opposants. Malgré une avance apparente, les interrogations sur la transparence du processus électoral persistent.
Mahamat Idriss Deby émerge comme le favori incontesté des élections au Tchad, selon les résultats provisoires annoncés par l'Autorité nationale de gestion des élections (ANGE). Avec 61% des suffrages et une participation de plus de 75%, Deby devance nettement ses concurrents, notamment Succès Masra, qui se classe deuxième avec 18,53% des voix. La campagne de Deby, dirigée par Mahamat Zène Bada, avait prévu une victoire avec 65% des voix, mais finalement, l'ANGE a officialisé sa victoire avec 61% des voix.
Cette victoire prévisible pour les partisans de Deby s'explique par une coalition solide rassemblant plus de 200 organisations, notamment l'ex-parti au pouvoir MPS, qui a permis un soutien territorial et social massif. En réaction, les partisans de Deby ont également profité de l'occasion pour critiquer Succès Masra, les qualifiant de "président des réseaux sociaux", et les Transformateurs, les décrivant comme plus "populistes que populaires".
Cependant, pour l'opposant Succès Masra, cette victoire est contestée. Il invoque la "vérité des urnes" compilée sur une plateforme alimentée par des "observateurs citoyens", affirmant que cela consacre la victoire de l'espoir sur le passé dès le premier tour. Il dénonce une "inversion des choses et des chiffres", remettant en question la compilation rapide des résultats par l'ANGE.
Des experts expriment également des doutes quant à la rapidité avec laquelle les résultats globaux ont été annoncés, soulignant que cela soulève des "soupçons". L'ANGE a publié les résultats trois jours seulement après le scrutin, ce qui contraste avec les délais habituels de plus d'une semaine pour une élection présidentielle au Tchad. Certains s'interrogent sur la possibilité pour l'agence électorale d'avoir collecté et traité plus de 26 000 procès-verbaux en deux jours seulement, ce qui alimente les craintes de fraude.
La tension monte alors que Succès Masra tente de contester les résultats en se proclamant vainqueur, appelant la population à manifester pour défendre son choix. En réaction, le gouvernement a déployé un important dispositif militaire à Ndjamena et dans tout le pays, signalant un possible bras de fer politique à venir.
Enfin, les critiques du processus électoral, notamment ceux qui ont boycotté l'élection, voient dans ces résultats la confirmation de leurs préoccupations concernant un processus biaisé dès le départ, puisque le président de transition a nommé tous les membres de l'ANGE et du Conseil constitutionnel. Ainsi, le Tchad entre à nouveau dans une période d'incertitude politique, selon ces observateurs avertis.