Ce samedi, des centaines de Sud-Africains établis au Royaume-Uni se sont rassemblés dans une ambiance festive sur la célèbre place Trafalgar, à Londres, pour voter par anticipation aux élections législatives du 29 mai prochain.
Avec près de 25 000 expatriés inscrits, le vote de la diaspora pourrait peser lourd dans l'issue d'un scrutin annoncé comme le plus serré depuis 30 ans. Dès l'aube, la place a été recouverte de drapeaux sud-africains et de supporters vêtus des couleurs de l'équipe nationale de rugby, créant une atmosphère de carnaval. Les bureaux de vote, ouverts jusqu'à dimanche au Haut-commissariat d'Afrique du Sud, ont accueilli un flot ininterrompu d'électeurs, certains ayant fait le déplacement depuis des villes comme Bedford ou Southampton.
Un mécontentement grandissant envers l'ANC
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994, fait face à un risque de perdre sa majorité parlementaire pour la première fois de son histoire.
Confronté à un chômage endémique, des inégalités croissantes et des défaillances des services publics, le parti créé par Nelson Mandela subit les critiques de nombreux électeurs, y compris parmi ses propres sympathisants."L'Afrique du Sud est un pays magnifique, mais son évolution est honteuse", déplore Sam Van Noordwyk, une électrice de 41 ans qui a voté pour l'Alliance démocratique, principal parti d'opposition.
Ilse Steyl, une scientifique de 52 ans vivant à Southampton, espère quant à elle que l'ANC ne conservera pas la majorité, jugeant que "le pays tombe en morceaux" face à la criminalité et à la corruption.
Une foule enthousiaste et diverse
Malgré les critiques, les soutiens de l'ANC étaient également présents, comme Lawrence Ndou et son épouse Mofaladi, vêtus de costumes traditionnels colorés. "Je veux que l'ANC puisse toujours être là", confie Mofaladi, tout en reconnaissant qu'un gouvernement de coalition serait préférable.Dans la foule, on pouvait aussi apercevoir des autocollants de l'Alliance démocratique et des bérets rouges des Economic Freedom Fighters (EFF), un parti de gauche radicale.
L'ancien président Jacob Zuma, à la tête d'un nouveau parti d'opposition, espère également grappiller des voix à l'ANC."C'est une journée capitale, un moment décisif dans l'histoire de l'Afrique du Sud", souligne Stanley Jacob, un électeur de 28 ans. "Il s'agit de changer la vie de ceux qui ont été laissés pour compte au cours des 30 dernières années."Malgré les longues files d'attente, l'ambiance était à la fête et à la fierté patriotique. Les électeurs ont fait preuve d'un enthousiasme et d'une mobilisation remarquables, conscients de l'importance de ce scrutin pour l'avenir de leur pays.