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Zimbabwe : deux fois plus d’abattages d’éléphants en 2021

Selon une annonce de la Zimparks, l’agence qui gère la faune au Zimbabwe, le droit de tirer sur 500 éléphants sera vendu aux touristes américains cette année. La nouvelle a provoqué un nouveau débat sur la chasse des espèces protégées dans ce pays.

Le Zimbabwe envisage la mise à mort de 500 éléphants cette année. Ce projet sera le deuxième de l’histoire du pays depuis les années 1980. L’Autorité de gestion de la faune (Zimparks) a imaginé, il y a plusieurs années, la possibilité de vendre ce droit de tuer aux touristes. Les Nord-Américains en raffolent.

En marge de la saison de chasse qui débute, et qui s’étend jusqu’à la saison des pluies, le pays a vu proliférer les éléphants. Les droits de chasse d’éléphants sont vendus jusqu’à 70 000 dollars selon la taille de l’animal. Deux pays en Afrique peuvent se permettre des projets pareils : le Zimbabwe, mais aussi le Botswana.

L’abattage des éléphants survient parallèlement à la saison touristique. La plupart des touristes viennent des Etats-Unis. Le paiement perçu permet aux chasseurs américains de ramener les défenses d’éléphants chez eux, en guise de trophées. Zimparks, qui gère aussi les parcs naturels zimbabwéens, voudrait encaisser des fonds rapidement, la baisse du nombre de touristes ayant mis à genoux les finances de l’institution qui a donc décidé de mettre en vente plus de droits qu’en 2020.

La limite d’abattages permis depuis plus de 30 ans était de 250 éléphants. Toutefois, afin de se maintenir à flot, la Zimparks a besoin d’encaisser 25 millions de dollars avant août. Selon l’autorité, les gains permettraient ainsi d’assurer de meilleures conditions de vie à… des éléphants. L’institution compte en effet 100 000 éléphants sous sa tutelle.

Lorsque des éléphants sont abattus, il s’agit souvent de groupes familiaux dans leur intégralité. Selon la Zimparks, le but serait d’éviter le stress post-traumatique des animaux survivants. Les autres méthodes possibles pour le contrôle de population seraient la translocation, la vente aux zoos et la contraception.

ONG et Zimparks, l’autre bataille

Alors que le nombre d’éléphants au monde a diminué en 2020, le Zimbabwe a connu une évolution inverse. La nation d’Afrique australe est en train de réviser sa loi sur la faune. La Zimparks estime que les efforts des dernières décennies ont été exemplaires. En effet, entre 1965 et 1991, le Zimbabwe avait fait tuer plus de 50 000 éléphants.

Toutefois, les 30 dernières années ont vu des règles plus strictes être établies. Mais alors que l’abattage commercial d’éléphants crée des revenus stables, certaines ONG estiment que l’activité est destructrice. Il n’empêche que la Zimparks a connu trois décennies de succès sur tous les fronts. Le Zimbabwe est un exemple en matière de contrôle des populations animales. Le pays a aussi réussi à combattre le braconnage avec beaucoup d’efficacité.

Néanmoins, selon l’association SAWCT, il règne encore un grand manque de transparence au Zimbabwe. Le directeur de l’ONG affirme que l’éthique de la chasse est grandement bafouée. Selon lui, permettre aux touristes de réaliser des safaris contrevient aux règles. De plus, la concession des défenses des animaux abattus ne devrait pas être prévue par la loi.

Selon la Zimparks, rien ne justifie les accusations des ONG. Le directeur de l’institution, Tinashe Farawo, estime que la Zimparks serait « la meilleure autorité en gestion d’éléphants. C’est pour cela que nous les avons toujours ».

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