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The Safer, le pétrolier qui menace de rendre noire la mer Rouge

The Safer

Dans le Golfe d’Aden, un superpétrolier japonais au large du Yémen, The Safer, est immobile depuis 2015. Sa constante détérioration fait craindre le pire : une menace qui risque de toucher toute la mer Rouge en cas de fuite ou d’explosion.

1,14 million de barils de pétrole, soit 181 millions de litres de brut à bord d’un navire pétrolier abandonné qui prend la rouille… Une menace dépassant de quatre fois celle de l’Exxon Valdez dans la mer d’Alaska en 1989, pourtant considérée comme la plus grande catastrophe environnementale de l’histoire.

Cette bombe à retardement s’appelle Safer, un superpétrolier japonais arborant le drapeau yéménite, au large du Yemen. Un danger pour toute la côte africaine orientale car, si Safer venait à connaitre un déversement ou une explosion — très probable à cause des gaz qui sont générés par le pétrole à bord du navire lourdement endommagé —, la mer Rouge deviendrait en quelques jours, littéralement, noire !

The Safer, une catastrophe pour l’Afrique, surtout

Depuis le début de la guerre civile au Yemen, les belligérants se sont disputés en 2015 le contrôle de Safer. Résultat, l’unité de pilotage de ce monstre marin de 362 mètres de longueur est irréversiblement endommagée, son unique turbine est hors service et la coque est fissurée à plusieurs endroits, rendant impossible que le Safer soit bougé.

Selon Ahmed El Droubi, responsable des campagnes auprès de Greenpeace pour la région MENA, il s’agit d’une « menace qui ne peut plus attendre ». « Le pétrolier abandonné, avec sa cargaison toxique de pétrole brut, constitue une grave menace pour les communautés et l’environnement de la mer Rouge. The Safer ne peut être rendu sûr qu’en déplaçant le pétrole à bord. Malgré les difficultés, financières et politiques, nous exhortons l’ONU et toutes les parties et gouvernements de la région et d’ailleurs à donner la priorité à cet effort », a déclaré El Droubi. L’activiste estime que cette action, visant à prévenir une catastrophe majeure, « ou du moins à en atténuer l’impact », ne peut plus attendre.

Une marée noire provoquée par Safer toucherait, notamment, tous les habitants de la côte d’Afrique de l’Est, du sud de l’Egypte jusqu’au Kenya, probablement la Tanzanie. La destruction rendrait caduc tout espoir que la gigantesque région connaisse à nouveau une quelconque activité touristique balnéaire, et détruirait irrémédiablement les bancs de poisson. Les sept à huit pays africains qui seraient potentiellement touchés offrent, également, un accès à la mer pour une quinzaine d’autres pays africains enclavés. La perspective économique d’une telle catastrophe relève de la calamité. Pourtant, du côté africain, hormis le Somaliland, aucun pays ne s’est impliqué, ne serait-ce que diplomatiquement, pour résoudre cette crise qui dure depuis sept ans.

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