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Tanzanie : la nouvelle présidente rompt avec le passé

Depuis son investiture, la nouvelle présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a mis en place des mesures sanitaires. Le peuple tanzanien les a accueillies avec optimisme. La dirigeante semble rompre petit à petit avec l’héritage de Magufuli.

Entre les nouveaux choix de ministres et le virage de la Tanzanie quant aux mesures sanitaires, la nouvelle présidente Samia Hassan semble avoir tout le soutien du peuple tanzanien, mais aussi de la communauté internationale. Depuis le début de la semaine, Samia Hassan a multiplié les apparitions publiques, elle en a profité pour préparer le terrain quant à la politique liée à la Covid-19. Son prédécesseur semblait ignorer le problème. La nouvelle présidente a décidé de prendre les choses en main.

Magufuli bénéficiait d’un fort soutien auprès l’opinion publique, qui appréciait se lutte contre la corruption. Hassan a nommé ses propres ministres à des postes clés : Finance et Affaires étrangère, mais elle a aussi maintenu la ministre de la Santé du gouvernement de Magufuli, Dorothy Gwajima.

Plus de liberté de la presse ?

Sur un autre plan, la présidente tanzanienne a procédé à la levée des restrictions sur les médias que le régime de Magufuli avait imposées, lorsque les journalistes l’avaient critiqué pour son exubérance et sa négligence face à la pandémie.

« On m’a informée que les licences de plusieurs médias ont été révoquées, elles seront restaurées mais ces médias devront suivre la loi », a habilement déclaré Hassan sur la chaine nationale TBC-1 la semaine dernière.

La nouvelle présidente s’est aussi distinguée par la désignation d’une sécurité rapprochée présidentielle composée exclusivement de femmes, ce qui lui a valu l’attention des institutions du monde entier, généralement sensibles aux questions d’égalité homme-femme.

Afin de mettre fin à l’isolement de la Tanzanie, Hassan s’est donc concentrée sur ses points forts, à savoir la politique étrangère et l’intégration économique. Le maintien des ministres du gouvernement précédent relève donc d’un exercice d’équilibriste. La présidente tanzanienne semble déterminée à séduire ses détracteurs et à éviter le combat.

Bâtir la confiance pour affronter la Covid-19

Plus tôt cette semaine, la présidente de la Tanzanie a annoncé des plans pour nommer un groupe d’experts qui la conseilleront sur la meilleure façon de freiner la propagation de la Covid-19. Cette décision est un changement radical de la position de son prédécesseur, John Magufuli. Ce dernier avait nié l’existence de la maladie, avant d’adopter des mesures sanitaires étranges, et de décéder du coronavirus, selon les proches du palais.

« Nous saluons très sincèrement cette initiative de la nouvelle présidente de la Tanzanie, ainsi que les déclarations qu’elle a faites à la population pour s’assurer que les gens acceptent que le virus circule en Tanzanie et qu’elle cherche à remédier à la situation », a déclaré le Directeur régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Afrique, Matshidiso Moeti, dans une conférence de presse le jeudi 8 avril.

L’OMS était en pourparlers avec le gouvernement tanzanien afin de déterminer conjointement la meilleure façon pour le peuple tanzanien d’accéder à la vaccination contre la Covid-19. Avec la médiation du Centre africain pour le Contrôle et la prévention des maladies (CACM), l’OMS a compris qu’elle avait à faire avec un leadership plus raisonnable en Tanzanie.

« Nous ne voulons pas combattre la pandémie seuls, nous savons demander de l’aide lorsque nous en avons besoin, cela ne relève pas de la faiblesse », a déclaré Samia Hassan mercredi.

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