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Reckya Madougou et Joël Aivo, les oubliés des libérations ordonnées par Patrice Talon

Après avoir rencontré Thomas Boni Yayi, Patrice Talon a fait provisoirement libérer 17 détenus. Mais Reckya Madougou et Joël Aivo ne figurent pas sur la liste du président béninois.

La liste était attendue autant que celle d’une sélection nationale avant une Coupe du monde. Au Bénin, 17 personnes — des opposants au régime de Patrice Talon — ont été libérés provisoirement par le président de la République. Sur la liste, deux noms ont été omis : ceux de Reckya Madougou et Joël Aivo. Même si les proches des deux opposants ne s’attendaient guère à une quelconque clément de Patrice Talon, force est de constater que la vague de libérations provisoires perd tout son sens si elle ne concerne pas Madougou et Aivo.

Tout a débuté le 13 juin dernier avec une rencontre entre Patrice Talon et Thomas Boni Yayi, ex-chef d’Etat du pays d’Afrique de l’Ouest. Au palais de la Marina, les deux hommes n’en étaient pas à leur premier rendez-vous. En effet, en septembre dernier, Talon et Boni Yayi avaient déjà tenté de se réconcilier. Sans succès. Outre une photo symbolique, il n’était rien ressorti de cette rencontre improbable.

Ce 13 juin, l’ordre du jour était plus clair qu’en septembre dernier : il s’agissait de pourparlers « relatifs à la consolidation de la paix » politique. Alors qu’il avait déjà demandé les libérations de plusieurs opposants, Thomas Boni Yayi espérait, cette fois, être entendu. Il n’aura fallu qu’une journée pour que Patrice Talon fasse un geste envers son rival.

Traitement spécial pour Madougou et Aivo ?

Le 14 juin, en effet, le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), l’instrument judiciaire du pouvoir pour poursuivre les opposants, demandait à la juge des libertés et de la détention la mise en liberté provisoire de 17 détenus.

Des remises en liberté qui ne signifient pas, pour autant, les classements des affaires qui concernent les détenus désormais dehors. Les procès devraient en effet avoir lieu, mais les accusés pourront désormais savourer leur liberté. Parmi les personnes concernées par la mesure présidentielle, plusieurs militaires mais également un membre du parti de Sébastien Ajavon, qui est lui exilé en France.

Accusés de « complot contre la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs, défaut de signaler un crime et complicité », les 17 accusés pourront également préparer plus sereinement leurs procès respectifs.

En revanche, pour Reckya Madougou et Joël Aivo, c’est le statu quo. Patrice Talon semble veiller personnellement à ce que les deux opposants restent sous les verrous, malgré des tentatives de médiation de la part de plusieurs chefs d’Etat africains. Madougou et Aivo ont été condamnés, en décembre dernier, à respectivement vingt et dix ans de réclusion, après voir été jugés coupables de « blanchiment de capitaux et complot contre l’autorité de l’Etat ».

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