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RDC : vers une revanche Kabila/Tshisekedi ?

A deux ans de la présidentielle en RDC, Joseph Kabila rêve de prendre sa revanche sur Félix Tshisekedi, qui a pris le pouvoir en 2019 et s’est, petit à petit, émancipé de l’ancien chef de l’Etat.

En République démocratique du Congo (RDC), la bataille politique entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi se poursuit… Une bataille qui s’est transformée en lutte de pouvoirs au sein des institutions congolaises. Si le président Tshisekedi a réussi à mettre en place une large majorité présidentielle, avec sa fameuse Union sacrée, et à se débarrasser d’un Premier ministre acquis à la cause de l’ancien président de la République, Joseph Kabila a réussi à conserver sa mainmise sur la commission électorale, auprès de certains membres Cour constitutionnelle ou encore auprès de quelques militaires.

Un lobbying à l’international

Si, pour certains, la guerre que se livrent Kabila et Tshisekedi est artificielle, à l’instar du candidat malheureux à la dernière présidentielle, Martin Fayulu, qui estime que « ce sont des stratagèmes pour se maintenir au pouvoir », les deux hommes seraient en réalité réellement en froid. Joseph Kabila aurait, selon nos informations, beaucoup misé sur des élections anticipées pour revenir au pouvoir. A ce sujet, il a d’ailleurs effectué, en février dernier, une tournée internationale qui l’a emmené d’Abou Dhabi, pour le Salon international de défense (Idex), au Zimbabwe, en passant par la Tanzanie.

Jeune Afrique indique également que l’ancien président congolais a effectué « un intense effort de lobbying en envoyant plusieurs émissaires dans des pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) (…) afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la crise politique en RDC ». Mais avec un Félix Tshisekedi président de l’Union africaine pour encore deux mois, pas facile pour Kabila de plaider sa cause. A parti du mois de janvier 2021, pourtant, tout pourrait basculer : « Fatshi » laissera en effet la présidence de l’UA à Macky Sall et devra désormais se concentrer sur les affaires internes.

La sécurité au cœur des enjeux

Or, les défis sont nombreux pour la dernière partie de mandat de Tshisekedi. Outre la sécurité, thème sans aucun doute prioritaire de son mandat, « Fatshi » s’est également lancé dans une opération anticorruption de grande ampleur. Le président congolais s’est attaqué à de nombreuses administrations.

Or, il n’a jamais caché qu’il y avait « un problème d’effectif dans notre armée, beaucoup de magouilles minent nos forces de sécurité ». En s’attaquant à ce fléau au sein des forces de sécurité, « Fatshi » sait qu’il ne se fera pas que des amis.

Avec les événements qui se sont déroulés au Mali et en Guinée, force est de constater qu’il vaut mieux, ces derniers temps, avoir les militaires avec soi.

Ces prochains mois, Félix Tshisekedi aura à cœur de reprendre la main sur l’ensemble de l’armée et poursuivre sa vision pour faire de la RDC un Etat de droit et résolument tourné vers le développement et la paix. Reste à savoir si Kabila attendra sagement la présidentielle de 2023.

Risque de coup d’Etat contre Tshisekedi ?

Une source à Kinshasa indique également que l’ex-ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Joseph Kokoyangi, a confié à une jeune femme qu’une tentative de coup d’Etat se préparait sous l’impulsion de Joseph Kabila. Kokoyangi est connu pour sa fidélité vis-à-vis de l’ancien président — il a récemment affirmé : « Je quitterai Joseph Kabila lorsqu’on me déposera au cimetière ». Cette rumeur de préparation de putsch est-elle une info ou une intox ? Affaire à suivre…

Quoi qu’il arrive, Félix Tshisekedi ne veut rien laisser au hasard. S’il bénéficie d’un réel soutien populaire dans sa lutte contre la corruption, « Fatshi » reste vigilant et se méfie autant de ses alliés que de l’opposition, et a surtout les yeux rivés sur la ferme de Kinshasa, où réside Kabila. Ce dernier, bien silencieux, se verrait bien faire son retour. Selon certains de ses proches, il s’est senti humilié par « Fatshi », qui lui a retiré la protection par la garde républicaine, et prépare d’ores et déjà sa revanche.

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