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RDC : les ADF font plus de 30 victimes en quatre jours

Les milices des Forces Démocratiques Alliées (ADF) ont intensifié leurs attaques depuis le 24 mai dans l’Est de la RDC. Le bilan : plus de 30 morts uniquement dans les zones couvertes par les forces armées.

Selon le groupe de surveillance Kivu Security Tracker (KST) et un responsable local au Nord-Kivu, en comptant les meurtres nocturnes dans la nuit du 28 au 29 mai, le nombre de morts en RDC monte à 33 en 4 jours. Ce massacre s’inscrit dans le cadre du conflit entre les ADF et l’armée.

Hier soir, au moins sept personnes ont été tuées lors de deux attaques nocturnes dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les attentats ont été imputés aux combattants des Forces démocratiques alliées (ADF). Une large coalition militaire traque actuellement le groupe d’origine ougandaise. Des unités de l’armée congolaise, aidées par l’aviation de reconnaissance occidentale sont déployés dans la zone. Cette offensive a commencé fin avril. Ensuite, à partir du 19 mai, l’armée ougandaise s’y est jointe. Des centaines de soldats ougandais forment un blocus le long de la frontière Est du Nord-Kivu, de l’Ituri et du Sud-Kivu.

Nombre de civils tués par des acteurs armés sur le territoire de Beni par trimestre depuis juin 2017. (Source : KST)

Les ADF passent à l’attaque partout en RDC

Les attaques d’hier se sont produites le long de la route reliant Beni et Kasindi. Il s’agit d’une voie d’approvisionnement stratégique pour la région de Beni. La route est protégée par l’armée congolaise (FARDC) ainsi que les forces de maintien de la paix de l’ONU. Le maire Donat Kibuana a déclaré à l’AFP : « La première cible était un chauffeur de camion transportant une cargaison de cacao et ses deux accompagnants ». Il a ensuite rajouté : « Ensuite, les mêmes combattants des ADF ont brûlé cinq personnes dans leurs maisons », a-t-il déclaré.

Jeudi, KST a déclaré que le bilan d’une attaque de nuit dans le même secteur a fait 13 morts. Cette attaque a eu lieu dans la région du Rwenzori, à côté du mont Stanley. Elle marquait un mouvement vers le Sud du groupe armé. Une patrouille de soldats a été attaquée par un nombre important de miliciens. Selon les témoins, plus de 200 combattants, à bord de divers véhicules, ont ouvert le feu sur la patrouille.

Plus tôt encore, mercredi, les ADF ont attaqué un village dans l’Est de l’Ituri, où ils ont fait 11 victimes. Les cadavres ont été mutilés et posés sur la route menant à la région. Sans doute une tentative d’intimider les forces armées. Cette attaque a aussi été attribuée aux ADF, le groupe insurrectionnel d’origine ougandaise. Les ADF s’étaient retranchés dans l’Est de la RDC vers 1995.

Des dizaines de milices armées sont actives dans le Nord-Kivu et l’Ituri. La région, riche en minéraux, a attiré les criminels et les groupes rebelles depuis la fin de la guerre civile. Au total, les ADF auraient tué plus de 500 civils depuis le début de l’année, selon un chiffre de l’AFP basé sur les calculs des ONG.

Vers un autre état de siège ?

Les Etats-Unis ont déclaré que les ADF étaient liés à l’Etat Islamique (Daech), et ont décidé que le groupe serait désigné comme Daech-RDC. Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, avait proclamé l’état de siège de 30 jours fin avril dans le but de freiner l’effusion de sang. Vraisemblablement, les massacres ne font qu’augmenter.

Toutefois, le groupe ADF est aussi présent dans le Nord du Mozambique. Les chefs d’Etats de la SADC décideront s’ils enverront une armée dans la région. Hier soir, l’Union européenne a officiellement annoncé que son armée sera déployée au Mozambique dans les prochains mois. Des soldats américains et portugais sont déjà sur le terrain, ainsi que des casques Bleus et l’armée mozambicaine.

Néanmoins, au RDC, afin de juguler la violence et dissuader les populations de collaborer avec les ADF, Tshisekedi a fait replacer les gouvernements des régions de l’Est par des militaires. Le chef des opérations militaires congolaises a déclaré à l’AFP : « Ne disposant pas d’un fief, les ADF en errance usent de la ruse pour perpétrer le massacre », a dit Peter Cirimwami.

Cependant, le KST dit que les meurtres d’hier constituent les premiers à Beni depuis juillet 2020. Bien que la région ait connu une offensive terroriste depuis novembre 2019, elle a été relativement en sécurité depuis des mois. L’offensive dans l’Est de la RDC réussira-t-elle à éradiquer la menace ? Ou causerait-elle plus de victimes dans de nouvelles régions ? Le président Tshisekedi compte-t-il déclarer l’état de Siège à Beni ? Dossier à suivre.

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