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RDC : Félix Tshisekedi et sa guerre contre la corruption

Cela fait deux semaines que le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a pris position contre la corruption qui gangrène son pays. Comment a-t-il démarré cette campagne de « nettoyage » ?

« Certains de nos compatriotes avaient mal négocié les contrats miniers. Pire, le peu qui reviendrait à l’Etat, ils l’ont mis dans leurs propres poches », a déclaré Félix Tshisekedi en mai. Avant de continuer : « Je suis fatigué de voir des étrangers venir ici avec les poches vides et repartir milliardaires, alors que nous restons pauvres », a-t-il accusé.

Ainsi, le président congolais a annoncé ses intentions quant à la corruption dont souffre la RDC. Il y a de quoi. Le pays compte dans les 5 pays plus corrompus d’Afrique et dans le top 20 mondial ! La RDC est toutefois pleine de richesses. Le cuivre, l’uranium, l’or, les diamants, le radium, le gaz naturel et le pétrole gisent sous les terres congolaises fertiles. La RDC détient aussi plus de 77% des réserves de cobalt au monde. La matière est nécessaire et incontournable à la fabrication des composants électroniques.

Tshisekedi-Kabila : le point de non-retour

A partir de ce meeting à Kolwezi, les militants de l’ancien président Joseph Kabila se sont activés sur les réseaux sociaux afin d’attaquer Félix Tshisekedi. En effet, l’accusation du chef d’Etat visait avant tout son ancien allié et prédécesseur. Il a fallu que la justice internationale condamne les hommes d’affaire proches du régime Kabila afin de souligner les torts de la corruption en RDC.

La condamnation de Beny Steinmetz et les sanctions à l’encontre de Dan Gertler ont éveillé une grande partie de la classe politique en RDC. En effet, ces milliardaires israéliens ont pillé la RDC pendant des décennies sans rien donner en retour. Pire encore, le président Kabila était complice, et a fermé les yeux à la situation humanitaire et socio-politique qui en résulta.

Mais ce n’est pas uniquement cela qui a motivé Félix Tshisekedi à rompre son alliance avec Kabila depuis février. Ainsi qu’à attaquer ses décisions à la tête de la RDC plus tard. C’est plutôt que l’Etat congolais est organiquement trop décentralisé. Et certains responsables régionaux et locaux sont devenus millionnaires et corruptibles durant les deux dernières décennies.

Cette tendance aurait aussi, si on ne croit la justice de la RDC, atteint le sommet du gouvernement. L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, est accusé de blanchiment d’argent et de détournement de fonds publics notamment. L’ancien président Kabila fait aussi face à des poursuites judiciaires semblables depuis des mois.

Ces personnes qui luttent contre la corruption en RDC

Deux figures clés se tiennent derrière la lutte anticorruption en RDC. Le premier est l’inspecteur général des finances, Jules Alingete Key. Il est membre du cabinet de Félix Tshisekedi. Le second est Jean-Claude Mputu, un opposant, ainsi que le porte-parole du mouvement le Congo n’est pas à vendre (CNPAV).

Aligngete, pour sa part, a passé les dernières semaines à traquer les responsables d’Etat impliqués dans la corruption en RDC. Il a décidé cette semaine de suspendre les comptes bancaires de plusieurs d’entre eux. Il a aussi été l’instigateur de l’enquête autour de Ponyo. Plusieurs proches de Tshisekedi étaient contre sa nomination à la tête de l’Inspection Générale des Finances. Toutefois, le président avait reconnu en Jules Alingete Key la personne idéale pour le poste. Outre sa spécialisation dans l’audit d’étude économique, il était parfaitement apolitique avant sa nomination. Pour raison, Alingete avait conduit la plupart des enquêtes contre l’Etat depuis des années.

Quant à Mputu, il représente la société civile dans le volet de la lutte anticorruption. Il a été l’une des voix les plus élevées dans le cadre des scandales des compagnies minières. Il a souvent souligné les inégalités des lois de concessions et des permis miniers. Jean-Claude Mputu a souvent dénoncé Dan Gertler pour le pillage de ses sociétés des gisements miniers en RDC. Il n’empêche que Mputu soit un opposant du président congolais. Il estime que les nouveaux textes légaux régissant les permis miniers rapportent des revenus à l’Etat. Et que cet argent ne soit pas distribué dans les régions où les ressources sont perçues.

En tout cas, depuis la suspension des comptes bancaires de certains administrateurs publics en RDC, Félix Tshisekedi fait face à beaucoup de critiques. Néanmoins, il a entrepris une voie difficile, réussira-t-il à garder le cap ?

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