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RDC : 55 personnes tuées, que font les FARDC ?

Selon les données de l’ONU, 55 personnes auraient été tuées par les ADF dans l’Est congolais entre dimanche et lundi. Ce qui donne un bilan de 85 morts en une semaine, un triste record.

Deux attaques contre des villages dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) ont fait au moins 55 morts. Les Nations Unies ont annoncé la nouvelle lundi. Le bilan colle à l’annonce du Baromètre de sécurité du Kivu (KST). Les autorités ont accusé les membres des Forces démocratiques alliées (ADF) du massacre nocturne.

Plusieurs civils ont aussi été enlevés selon l’UNHCR. L’attaque a eu lieu aux villages de Tchabi et au camp de Boga. Les deux villages sont sur les frontières entre l’Ouganda et la RDC. Les armées ougandaise et congolaise (FARDC) sont engagées dans une opération militaire dans la région frontalière. Elle a débuté au Nord-Kivu et à l’Ituri, au Nord. Toutefois, les miliciens des ADF acculés ont traversé la zone tidale vers le Sud-Kivu et les montagnes vers l’Ouganda.

Les ADF, pour la plupart d’origine ougandaise, contrôlent le Nord-Est de la RDC depuis des années. Toutefois, ils sont familiers avec l’Ouest ougandais aussi. Plusieurs lieutenants des ADF proviennent de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et d’autres groupes insurrectionnels dans la région. Des mercenaires centrafricains et des ex-soldats congolais figurent aussi dans les rangs des ADF.

Depuis l’état de siège décrété par le président de la RDC, Félix Tshisekedi, les FARDC ont repris le camp stratégique du chef des ADF. En effet, Musa Baluku a passé des mois au Camp Kajuju. Cependant, Baluku reste encore un fugitif.

Les échecs des FARDC, du Kivu à Beni

Il est de commun accord d’attribuer les meurtres de civils dans l’Est de la RDC aux ADF. Néanmoins, plusieurs milices et groupes terroristes sont présents dans la vaste région. Il n’empêche que depuis le début de l’opération des FARDC, le gouvernement n’a annoncé que la liquidation de 7 hommes armés. Sachant que les FARDC déployés comptent jusqu’à 25 000 soldats, appuyés par des centaines de soldats d’élite ougandais, ainsi que de milliers de casques Bleus de la MONUSCO, l’opération est jusque-là un échec cuisant.

Officiellement, les ADF ne comptent que 1200 hommes armés. Les autres milices dans la région combinées ont quelque 2000 membres selon l’ONU. Il parait donc étrange qu’avec autant de soldats et de groupes armés, il n’y ait que les civils qui tombent sous les balles depuis plus d’un mois.

De surcroît, cette semaine aurait dénombré plus de civils morts dans la région que n’importe quel mois depuis août 2017. L’opération en cours est allée jusqu’à faire remplacer les gouvernements régionaux par des militaires. Néanmoins, ce n’est pas la première pendant le mandat de l’actuel président Félix Tshisekedi. En juin 2019, les FARDC ont pris d’assaut l’Ituri. L’opération « Zaruba ya Ituri » n’a fait que 66 morts de civils, 2 pertes chez les FARDC et 4 morts chez les milices Lendu.

En octobre 2019, une grande opération de ratissage a visé les ADF à Beni et ses environs, plus au Sud. Outre une cinquantaine de civils morts, incombant aux ADF selon les FARDC, aucun « terroriste » n’a été appréhendé ou tué.

Et après cette semaine sanglante, en particulier la nuit du dimanche au lundi, il serait légitime de poser la question. Que font les FARDC et leurs alliés ? Plus de 35 000 soldats entrainés ne peuvent-ils pas engager quelques centaines de miliciens ?

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