Site icon Le Journal de l'Afrique

Pourquoi le nouveau QG africain d’Amazon fait polémique

Amazon

La construction du nouveau siège social africain d’Amazon en Afrique du Sud a été arrêté. Des représentants de deux groupes ethniques ont porté plainte. Selon les Khoi et les San, le QG empiète sur un territoire sacré.

Les représentants des descendants des premiers habitants d’Afrique du Sud, les Khoi et les San, ont porté plainte ce mercredi pour tenter d’arrêter la construction du nouveau siège social d’Amazon en Afrique. Le QG du géant de la vente en ligne, de 70 000 mètres carrés, serait en train d’être construit sur des terres considérées comme sacrées.

Les deux groupes ont attaqué en justice le promoteur sud-africain du projet immobilier, Liesbeek Leisure Properties Trust (LLPT). Ce dernier est habitué aux scandales, avec un conseil d’administration purement composé de descendants d’Afrikaners. L’entreprise a, depuis son lancement, remporté des marchés d’Etat se comptant en milliards.

Face à la polémique, le LLPT dénonce une compagne de désinformation à son encontre. Selon son porte-parole Jody Aufrichtig, une grande partie des Khoi et des San accueillent favorablement l’installation d’Amazon sur leurs terres ancestrales. Le projet comporte la construction d’hôtels, d’hôpitaux et de logement sociaux pour les indigènes.

De leur côté, les dirigeants des communautés Khoi et San considèrent la construction sur le terrain, à quelques kilomètres du Cap, comme « troublante ». « Il n’y a plus rien de sacré dans ce monde », déplore Tauriq Jenkins, membre du Conseil Khoi.

Quel risque pour Amazon ?

De son côté, interrogé par plusieurs médias, Amazon a refusé de commenter la polméique. Pour les autorités sud-africaines, qui encouragent ce projet, elles évoquent surtout les créations d’emplois en perspective.

Le site de construction du QG d’Amazon se trouve au confluent de deux rivières, la Black River et le Liesbeek. Le projet comprend également le flanc du Lion’s Head Mountain, un pic d’une importance primordiale pour la lutte contre la colonisation dans le pays.

Les Khoi et les San ont été déplacés plusieurs fois d’une grande partie du territoire sud-africain. D’abord par la vague migratoire provenant d’Afrique centrale, ensuite par les colons néerlandais, puis par les Portugais.

D’ailleurs, le site concerné par le litige serait le terrain d’une bataille entre les Khoi et les San et les colons portugais, remportée par les indigènes. Depuis, le site est considéré comme sacré pour le sang qui y a été versé, et comporterait des facultés spirituelles pour les communautés. « Pour nous, c’est l’épicentre de la résistance au colonialisme », a déclaré Tauriq Jenkins.

En tous cas, l’action en justice — un référé d’urgence — contre LLPT, sera étudiée avant lundi prochain. Si la justice décide de bloquer le chantier, cela donnerait lieu à une action en justice publique, avec Amazon sur le banc des accusés.

Quitter la version mobile