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Pourquoi Bamako s’attaque aux ONG françaises

Assimi Goïta

Après l’annonce par Paris de l’arrêt des aides au développement, la junte militaire du Mali a décidé d’interdire aux ONG financées par la France d’œuvrer sur son territoire.

Les organisations non gouvernementales financées par la France ne pourront, jusqu’à nouvel ordre, plus avoir d’activités au Mali. C’est ce qu’a annoncé la junte au pouvoir lundi dernier. Sont concernées « toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire », selon les mots du gouvernement de transition.

Une réponse à Paris, qui a décidé de la suspension de l’aide au développement. Une étape de plus dans la dégradation des relations entre le Mali et la France. L’ambassadeur de France au Mali avait déjà été expulsé et Emmanuel Macron a décidé de la fin de l’opération militaire Barkhane. Cette fois, c’est tout le peuple malien qui est touché par la décision française de supprimer les aides au développement.

Paris n’avait pas encore officialisé cette annonce, mais le collectif d’ONG Coordination Sud s’est ému de cette coupe dans les budgets. La France veut ainsi envoyer un message clair : avec le groupe paramilitaire russe Wagner sur place, Paris n’aidera plus les Maliens. Cet arrêt des aides au développement provoque, selon Coordination Sud, « l’arrêt d’activités essentielles voire vitales menées » au Mali. Ou quand la politique met à genou des populations qui n’ont rien demandé.

Le peuple malien pris en otage

Pour le pouvoir en place au Mali, ces ONG représentent des organisations « d’aide déshumanisante pour » le peuple malien. À demi-mots, le gouvernement malien accuse l’État français d’utiliser les aides au développement comme un moyen de chantage fait aux dirigeants africains.

Une réplique qui risque de placer encore un peu plus, s’il le fallait, Paris sur la liste des indésirables au Mali. Mais comme lors de l’annonce de sanctions de la Cedeao, ce n’est pas seulement le pouvoir en place qui est visé par le gouvernement d’Emmanuel Macron mais bien les Maliens.

Le ministère français des Affaires étrangères assure que, « pour mémoire, le Mali et sa population ont bénéficié chaque année depuis 2013 de plus de 100 millions d’euros d’aide publique au développement et d’aide humanitaire française ». Les ONG, elles, regrettent que l’escalade des décisions aggrave la situation des « populations en situation de grande fragilité ou de pauvreté ».

Du côté du Mali, un responsable de la société civile déplore que « le peuple malien soit pris en otage » par Paris. « La décision n’est pas digne d’Emmanuel Macron et du Quai d’Orsay, qui font de la politique politicienne et semblent ne rien avoir à faire du peuple malien », conclut-il.

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