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Ouganda : Le 6e mandat de Museveni commence

Yoweri Museveni a prêté serment pour son sixième mandat. Au pouvoir depuis 35 ans, le président ougandais a plusieurs enjeux à considérer, dont la cérémonie a témoigné de l’évolution. 

Après une cérémonie en présence de 11 chefs d’Etat africains et de plusieurs diplomates, Yoweri Musevini entame son 6e mandat. Le chef du Mouvement national de résistance (NRM) a fait modifier la constitution à deux reprises afin de rester au pouvoir. Malgré beaucoup de critiques, le président ougandais détient certains avantages indéniables. Surtout quant à la souveraineté financière, l’Ouganda est relativement sur le bon chemin vers l’émancipation du monopole chinois. Toutefois, la Banque mondiale et le FMI détiennent la part du lion de la dette du pays. 

Une stabilité socio-politique relative

Néanmoins, la politique économique de Musevini brille par un lourd investissement dans l’agriculture. C’est d’ailleurs le pays qui importe le moins de produits alimentaires de la région. Pour ce qui est de l’endettement, le président libéral subit les mêmes contraintes que la plupart des pays africains. Il arrive cependant à s’assurer une certaine efficacité, et discrétion, dans la gestion des rapports avec les sphères financières internationales. 

Toutefois, les critiques contre Musevini seraient d’ordre politique. L’arrestation temporaire de l’opposant populaire Bobi Wine a causé une médiatisation inédite de la campagne électorale ougandaise. L’opposant, un artiste ougandais, est très proche de la jeunesse du pays. Il a refusé d’accepter les résultats de l’élection, où il a obtenu 34,8% des votes. Malgré que Bobi Wine soit marxiste, il adopte certains aspects de la politique du président, surtout l’approche sociale. Selon les observateurs internationaux, l’élection a été mouvementée. En raison de la coupure d’accès aux services de Facebook, l’Etat ougandais s’était toutefois assuré une relative absence de discours haineux et d’ingérence étrangère. Néanmoins, La victoire de Musevini serait relativement légitime. Le président avait fait une campagne d’envergure. Son opposant et ses partisans se sont contenté par du porte-à-porte. 

La cérémonie d’investiture s’est toutefois passée dans une atmosphère morose. La capitale Kampala était hautement sécurisée. Ce qui n’a pas manqué de susciter les critiques de l’opposition. La sécurité de l’évènement a été assurée par les forces armées ougandaise.

Des coulisses animées 

Parmi les chefs d’Etat présents, on note Mohamed Abdullahi Mohamed, le président somalien. Ses homologues kenyan et ghanéen étaient également présents, parmi tant d’autres. Des représentants de la Chine et de la Russie, ainsi que le ministre des Affaires Etrangères algérien ont représenté leurs pays respectifs. Selon les médias algériens, le ministre Boukadoum se serait entretenu avec plusieurs chefs d’Etat. Certains sujets de grande importance géopolitique auraient été abordés. La lutte antiterroriste en Afrique de l’Est, ainsi que la production des vaccins anti-Covid en faisaient partie. 

Aussi, la nouvelle alliance entre Kenyatta, Hassan et Museveni a été marquée. Les présidents kenyan et tanzanienne se seraient entretenus longuement avec le président de l’Ouganda le jour même de l’investiture. Les trois présidents sont très investis dans le projet du pipeline EACOP. Le projet, dont les principaux investisseurs sont Total et la CNOOC de chine, est actuellement menacé. En effet, plusieurs banques seraient revenues sur leur promesse d’un prêt pour le projet. Notamment, des dizaines d’ONG ont fait un grand effort de lobbying contre l’EACOP. 

Du côté de la Chine, l’ambassadeur Zheng Zhuqiang aurait remis une lettre personnelle du président Xi Jinping à Musevini. La Chine est en perte de vitesse en Ouganda. Après un monopole sur la dette souveraine et les projets d’infrastructure, elle se fait progressivement éjecter de la scène ougandaise. Enfin, les relations russo-ougandaises sont, pour leur part, au plus bas. Un accord récent de vente d’armes entre l’entité sioniste et l’Ouganda a envenimé les rapports entre les deux pays. 

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