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Niger : les mineurs d’Akouta en appellent à Mohamed Bazoum

La Coordination de la société civile d’Arlit, du Nord nigérien, a adressé une lettre au président Mohamed Bazoum. Selon le groupe, les modalités de fermeture de la mine d’uranium d’Akouta seraient dangereuses et injustes.

La fermeture d’une exploitation minière de la franco-japonaise Cominak au Niger causerait, selon des activistes, plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait. La coordination de la société civile d’Arlit, où la mine a été fermée, a adressé une lettre au président Bazoum. Elle exhorte le chef d’Etat nigérien à reconsidérer la mesure. Selon le groupe, les modalités de la fermeture de la mine constituent des dangers futurs pour les populations locales. De surcroît, plus de 800 sous-traitants n’auront pas leur prime de licenciement.

A qui la faute ?

D’abord, la fermeture n’incombe pas seulement au gouvernement nigérien, s’agissant d’une exploitation en partenariat public-privé (PPP). Le Conseil d’administration de la Cominak a déclaré : « L’épuisement des réserves ne permet plus la poursuite de l’exploitation ». La mine aurait totalisé 31 millions de dollars de pertes en 2018 contre 16 millions en 2019. L’exploitation du gisement ne s’est arrêté que le 26 mars 2021, et la fermeture a été accordée en 2020, et officialisée ce lundi. La Cominak a produit 75 000 tonnes d’uranium entre 1978 et 2019. La compagnie minière est détenue par la française Orano (Areva), la japonaise Ourd, l’espagnole Enusa et la SOPAMIN nigérienne. La décision de fermeture a été accordée entre SOPAMIN et Orano, qui détiennent 65% des actions de la compagnie.

Lors d’un discours avant de quitter la présidence, l’ex-président nigérien Issoufou a mentionné cette étape. Il a considéré la fermeture comme une urgence pour l’écosystème et la santé des citoyens. En effet, 41% de l’uranium exploité par le géant Areva provient du sol nigérien. La société n’a jamais été très regardante sur les conditions de travail des nigériens dans ses mines. Néanmoins, la demande de la société civile d’Arlit à Mohamed Bazoum ne regarde pas la fermeture en elle-même. Le contrat de fermeture a exclu plus de 800 agents qui ont travaillé dans la mine. Certains pendant plus de 20 ans.

De sombres perspectives

On lit donc dans la lettre : « 800 travailleurs vont partir sans rien ». Aucune précision n’est apportée à la procédure qui a causé ce fait. Selon un tweet d’un responsable de la SOPAMIN, les agents sous-traitants auraient été débauchés fin mars.

Du côté d’Orano (Areva), des mesures auraient été prévues pour dédommager les travailleurs. En l’occurrence des « aides financières et des formations ». Une solution tampon par le géant français, sachant que la plupart des sous-traitants ont plus de 40 ans d’âge. Après une carrière dans les mines d’uranium, ces personnes ne seraient plus compétitives dans d’autres secteurs. Ce que la Cominak qualifie d’attribuer « 90% des heures travaillées aux emplois locaux » ne convient pas au contexte. Certains des agents de la mine d’Akouta ont vu leurs collègues mourir du syndrome du Golfe.

Puis, le second point dans la lettre envoyée à Mohamed Bazoum concernerait la question environnementale. La fermeture des galeries et l’enfouissement de la carrière consistent à enterrer des résidus radioactifs. D’abord, la seule mesure de protection prévue est le rajout d’une couche d’argile. Ceci permettrait de séparer la terre des zones dangereuses de la carrière. De plus, les engins utilisés pour l’exploitation seront enterrés avec. Donc, il serait raisonnable de présumer que les habitants iraient déterrer les galeries enfouies. Récupérer les moteurs, les câbles et les autres équipements de la mine permettrait aux familles d’Arlit de subvenir à leurs besoins.

Pour l’instant donc, la réaction de la compagnie minière est inadéquate. De son côté, le chef d’Etat nigérien n’a pas rétorqué à la lettre citoyenne qu’il a reçue. La seule certitude serait que les travaux d’enfouissement commencent dans la semaine, sous la supervision du ministère des Mines et de l’Environnement du Niger.

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