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Mauritanie : un coup d’Etat au service du peuple

Il y a quinze ans, le commandant Vall et ses troupes prenaient le contrôle du palais présidentiel à Nouakchott. Les putschistes s’étaient alors donnés deux ans pour effectuer une transition vers plus de démocratie.
3 août 2005. Depuis deux ans, la Mauritanie vit au rythme des tentatives — avortées – de coups d’Etat. En tout, par trois fois des militaires ont tenté de reprendre le palais présidentiel à Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, l’indétrônable chef de l’Etat. Depuis 1984 et le coup d’Etat contre Mohamed Khouna Ould Haidalla, le président du Comité militaire de salut national dirige son pays d’une main de fer. En ce début de mois d’août 2005, alors qu’il revient des funérailles du roi Fahd d’Arabie Saoudite, Maaouiya Ould Taya se rend rapidement compte qu’il ne remettra plus les pieds en Mauritanie.

Un putschiste très proche du président déchu

Si Maaouiya Ould Taya a survécu aux dernières tentatives de putsch, notamment grâce à une répression accrue au sein de l’armée, l’autoritaire président mauritanien était loin de penser d’où viendrait la rébellion. « Nul doute, j’ai mérité mes ennemis, mais je ne pense pas avoir mérité mes amis », écrivait le poète Walt Whitman. Ce sont en effet les proches de Maaouiya Ould Taya qui ont fomenté le coup d’Etat. Un putsch qui s’est passé dans le calme, en l’absence du chef de l’Etat.

Le 3 août 2005, à 14 heures, le Comité militaire pour la justice et la démocratie fait lire à la télévision nationale un communiqué : « les forces armées et de sécurité ont unanimement décidé de mettre fin aux pratiques totalitaires du régime dont notre peuple a tant souffert ces dernières années », peut-on entendre. Les putschistes disent alors s’engager à « créer les conditions favorables d’un jeu démocratique ouvert et transparent sur lequel la société civile et les acteurs politiques auront à se prononcer librement ».

Le pétrole, enjeu du coup d’Etat

Les militaires assurent que l’exercice du pouvoir ne durera pas plus de deux ans. A leur tête, le colonel Ely Mohamed Vall, est une vieille connaissance du président déchu qu’il a aidé à arriver au pouvoir en 1984. Très vite, le commandant Vall tente de rassurer la population : le ministre des Pétroles est la seule personnalité de l’ancien régime arrêtée. Vall promet de libérer les exploitations pétrolières du joug des compagnies étrangères. Il promet également de rendre les comptes publics plus transparents et d’investir l’argent de l’or noir dans l’éducation.

Cette révolution de palais veut surtout remettre la démocratie à sa place. Soutenu par la population mauritanienne, Vall va assurer la transition démocratique et organiser des élections auxquelles il promet de ne pas prendre part. Le commandant tient sa promesse et en mars 2007 un nouveau président est élu. Rares sont les coups d’Etat ayant débouché sur une transition démocratique aussi réussie.

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