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Maroc-Espagne : immigration, diplomatie… et violences policières

Maroc Espagne

Ce jeudi matin, des centaines de migrants ont traversé la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Depuis quelques jours, la crise s’aggrave, avec des forces de sécurité de plus en plus violentes. Un désaccord entre le Maroc et l’Espagne fait craindre le pire.

Cela fait une dizaine de jours que des vagues successives de migrants tentent la traversée de la frontière terrestre entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla.

Ce jeudi matin, une quatrième vague, encore plus large, a reçu un accueil violent, avec la police espagnole qui a sorti les matraques. Les médias marocains décomptent des dizaines de blessés — en plus des 62 blessés, dont 4 graves, de la semaine dernière — et les images de violences policières ont choqué, sur les réseaux sociaux.

Mardi et jeudi derniers, plus de 800 migrants africains, venus du Maroc ou de pays d’Afrique subsaharienne, avaient franchi la barrière de 6 mètres séparant le territoire marocain de l’enclave espagnole. Avec les évènements de cette matinée, il s’agit de la tentative d’entrée à Melilla la plus massive jamais enregistrée.

De quoi rappeler, en mai dernier, un phénomène similaire ayant eu lieu à Ceuta, la seconde région sous le contrôle espagnol au nord du Maroc. Il s’agissait alors, selon plusieurs observateurs, de la conséquence de l’accueil par l’Espagne du leader sahraoui Brahim Ghali, qui y avait été hospitalisé.

Le Maroc effectue « un travail colossal »

A Rabat, le porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi assure que le Maroc effectue « un travail colossal pour surveiller ses frontières ». Pas évident à voir.

De son côté, le ministre espagnol des Affaires étrangères a déclaré : « C’est un fait très préoccupant. Cela fait des mois que ce type d’arrivée ne s’est pas produite, et quand il y avait des tentatives, elles étaient repoussées, en collaboration avec les autorités marocaines, sans arriver à ce niveau de gravité ».

Pour rappel, l’Espagne avait colonisé Melilla en 1496 et Ceuta en 1580. Les deux enclaves, distantes de 400 kilomètres l’une de l’autre, comptent autour de 80 000 habitants chacune et ont des statuts de villes autonomes depuis 1995.

Depuis son indépendance en 1956, le Maroc conteste les rattachements de Ceuta et Melilla à l’Espagne, les considérants comme des héritages coloniaux.

Des tensions diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne ?

Les médias espagnols et français soulignent une similitude entre les évènements actuels à Melilla et ceux, en mai dernier, à Ceuta.

En marge du dernier Sommet Union européenne (UE)-Union africaine (UA) des 17 et 18 février derniers, la présence du président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et du Front Polisario, Brahim Ghali, avait irrité le Maroc.

Le diplomate marocain Lahcen Haddad avait alors dénoncé la présence du leader sahraoui. Dans une lettre adressée aux députés européens, il assurait que « l’histoire nous a montré que la provocation a toujours été un facteur d’instabilité ». Une menace à peine voilée.

Le royaume chérifien serait-il passé à l’action ? Rien de moins sûr, surtout que, contrairement aux évènements de Ceuta, les forces de l’ordre marocaines ne se posent pas en simples spectateurs, mais ont effectivement empêché les vagues de migrants de traverser la semaine dernière.

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