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Les dessous de la tournée de Museveni au Congo et au Sénégal

Les 12 et 13 février, le président ougandais Museveni s’est rendu au Congo-Brazzaville et au Sénégal. Avec ses homologues, il a posé la première pierre d’une fondation consacrée à la lutte antiterroriste africaine.

C’est un voyage historique. Dans l’entourage du président ougandais Yoweri Museveni, on précise que « le chef de l’Etat ne voyage quasiment plus jamais ». Pourtant, du 11 au 13 février derniers, le président de l’Ouganda s’est rendu en République du Congo. Une délégation de 60 personnes, des véhicules blindés et une logistique incroyable… Qu’est-ce qui a bien pu pousser Museveni à bousculer ses habitudes ?

D’autant que, au moment où Macky Sall lui proposait de se rendre à Bruxelles pour le sommet Europe-Afrique, Yoweri Museveni aurait rétorqué qu’il ne souhaitait plus voyager loin de ses bases. Autant dire que la tournée effectuée par le chef de l’Etat ougandais était un véritable événement.

Un voyage inédit pour parler de lutte contre le terrorisme

La presse internationale, influencée par Africa Intelligence, a évoqué un « séminaire anti-putsch à Oyo », avant que RFI ne décrive finalement un « mini-sommet » lors duquel il aurait été question de « la sécurité de la région des Grands Lacs ». Selon une source diplomatique qui s’est confiée à la radio internationale, il a été question de « serrer les rangs pour faire barrage aux ADF qui ont fait allégeance à l’État islamique et semblent à présent décidées à imposer leur loi dans les pays du Bassin du Congo ».

Selon nos informations, les coups d’Etat en Afrique de l’Ouest n’ont pas été au cœur de la rencontre. En revanche, le problème de l’extension terroriste dans la région des Grands Lacs a bien été évoquée. Ce voyage de Museveni a réuni à Oyo — ville natale du président Denis Sassou N’Guesso — le président du Congo DSN et le président ougandais. Puis se sont joints aux conversations le Togolais Faure Gnassingbé, et enfin le Congolais, ex-président de l’Union africaine, Félix Tshisekedi. Museveni s’est ensuite envolé pour Dakar pour discuter avec Macky Sall. Une mini-tournée qui est en réalité l’acte de naissance d’une fondation de lutte contre le terrorisme, en projet depuis près d’un an.

Le président ougandais, chef de file de la fondation AGS

Cette fondation de droit sénégalais va être officiellement lancée très prochainement par décret présidentiel. Pressenti pour devenir le président de ce nouvel organe, l’ex-Premier ministre ougandais Amama Mbabazi était également de la tournée de Museveni. L’ancien compagnon de route du chef de l’Etat ougandais a, selon une source proche de la future fondation, profité de son amitié avec l’« auto-entrepreneur en diplomatie », l’inépuisable Jean-Yves Ollivier, pour persuader plusieurs chefs d’Etat et les réunir. Le tandem devrait permettre à la fondation de rapidement trouver sa place : Ollivier devrait en effet en être le vice-président chargé des relations internationales.

Parmi les pays fondateurs de l’African Global Security — le nom de la future fondation —, on retrouve donc l’Ouganda, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Togo, le Sénégal mais également la Mauritanie, même si le président Mohamed Ould El-Ghazaouani ne s’est pas déplacé pour rencontrer ses homologues. Le chef de l’Etat, resté en Afrique du Nord pour des raisons sécuritaires, s’est entretenu par téléphone avec Macky Sall, Yoweri Museveni, Amama Mbabazi et Jean-Yves Ollivier le 13 février.

Réinventer les méthodes de lutte contre le terrorisme en Afrique

Selon un communiqué de presse d’AGS, après les réunions d’Oyo et de Dakar, la fondation africaine « est ouverte à tous les États africains qui souscrivent à ses objectifs et souhaitent y participer ». Son fonctionnement y est succinctement décrit : « La fondation organisera des séances d’information sur la sécurité aux États membres par l’intermédiaire de leurs organes établis afin de fournir des informations pour aider les membres à interpréter les changements qui se produisent dans la région et dans le monde ». Le but, lit-on encore, est de « contribuer à façonner les politiques étrangères et sécuritaires des États membres, dans un environnement de plus en plus dynamique » et d’« aider à construire une région et un monde plus sûrs et plus stables ».

Plus concrètement, « l’objectif principal de la fondation sera la sécurité des États membres (…) et l’amélioration de la sécurité des États membres ». Cela passera par « une connaissance approfondie » du terrorisme en Afrique. AGS « bénéficiera en partie des informations disponibles en open source, des agences étatiques » et disposera de ses propres spécialistes. Plusieurs noms circulent déjà en interne. Une source proche de la fondation nous explique vouloir « recruter les meilleurs spécialistes du terrorisme en Afrique ».

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