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Les compagnies aériennes nigérianes évitent la panne sèche de justesse

Nigéria AON

Après avoir annoncé un arrêt général des vols, l’Organisation nigériane des compagnies aériennes a suspendu sa décision après avoir entamé des pourparlers avec le gouvernement.

Ce samedi 7 mai, l’Organisation nigériane des compagnies aériennes (AON) a annoncé que six des sept compagnies aériennes locales ne pourraient plus faire décoller leurs avions, dès ce lundi, jusqu’à nouvel ordre. La faute à l’augmentation des prix du kérosène, qui avaient bondi de 0,45 à 1,7 dollar par litre en quelques semaines seulement.

Ce dimanche, le président de l’AON, Alhaji Abdulmunaf Yunusa Sarina, a déclaré que la décision de son organisation était finalement suspendue. « Suite à de nombreux appels des plus hautes sphères du gouvernement promettant d’intervenir d’urgence dans la crise à laquelle sont confrontées les compagnies aériennes en raison du coût astronomique et en constante augmentation du kérosène, l’AON a décidé de suspendre l’action pour le moment, le temps de tenir un nouveau dialogue avec le gouvernement dans l’espoir de parvenir à une solution à l’amiable », a annoncé Sarina.

Il s’agit de la seconde fois, depuis le début du conflit russo-ukrainien, que l’AON revient sur sa décision de clouer ses avions au sol. Malgré les promesses préalables du gouvernement fédéral, le prix des carburants n’a cessé d’augmenter, allant jusqu’à quadrupler.

Subventions des carburants : un cercle vicieux

Pour rappel, le gouvernement fédéral du Nigéria subventionne déjà les carburants pour avion pour les compagnies nationales. Un budget inclus dans celui des subventions de carburant, que le gouvernement prévoit à hauteur de 9,6 milliards de dollars en 2022, contre 6,8 milliards l’année dernière.

Outre la crise ukrainienne qui a fait exploser les prix du brut et des hydrocarbures, c’est justement une décision du gouvernement de lever toutes les subventions qui a fait exploser les prix. L’arrêt des subventions, décidé en octobre 2021, n’a toujours pas eu lieu. Mais depuis son annonce, la spéculation sur les hydrocarbures a fait grimper davantage les prix.

Un fait, d’ailleurs, dénoncé par le président du Nigéria Muhammadu Buhari dans une lettre adressée au parlement, qui avait filtré dans la presse. « La décision de suspendre la suppression de la subvention des carburants à un moment où les prix du pétrole sont élevés a augmenté davantage le coût des subventions », déplorait le président Buhari dans sa missive.

Un cercle vicieux, donc, dans lequel se trouve le Nigéria. Et alors que les populations peinent à se fournir en essence, et que les compagnies aériennes étaient à deux doigts d’arrêter complètement leur activité, que pourrait faire le gouvernement ?

Peu de solutions pour contenter l’AON

En effet, lorsque l’AON a menacé de clouer les avions au sol en mars, les prix du kérosène n’étaient déjà plus tolérables, selon l’organisation. Or, depuis, les prix ont doublé – quadruplé depuis le début de l’année –, au point que l’AON assure qu’une heure de vol coûterait en moyenne 289 dollars par passager, sans aucun gain perçu par les compagnies aériennes, compte tenu des nouveaux prix.

Avec les discussions qui seront prises en ce début de semaine entre l’AON et le gouvernement, une seule décision pourrait éviter que le Nigéria soit le premier pays dans le monde à arrêter complètement ses vols : augmenter les subventions.

Or, le gouvernement prévoyait exactement l’inverse.

Une situation complexe pour un producteur majeur de pétrole — le Nigéria est le premier en Afrique, onzième dans le monde —, dont les carburants raffinés sur place ne sont pas conformes aux normes ISO. Une crise que le Nigéria n’arrive toujours pas à résoudre, et qui menace de mettre l’économie du pays à plat.

Lire : Au Nigéria : vers une révolution du pétrole ?

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