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Le Ghana au bord de l’implosion sociale ?

De nombreux jeunes Ghanéens sont sortis, hier, dans les rues d’Accra pour demander de meilleures conditions de vie. La campagne #FixtheCountry connaît un gros succès sur les réseaux sociaux.

Les indicateurs macroéconomiques ont beau être plutôt bons au Ghana, les habitants de ce pays de plus de 30 millions d’habitants sont sortis dans la rue ces derniers jours pour réclamer de « réparer le pays ». Un mouvement social commencé en mai dernier, sur les réseaux sociaux. A l’époque, la campagne #FixtheCountry avait attiré énormément de jeunes Ghanéens sur les différentes plateformes. Un mouvement qui donne désormais de la voix dans les rues d’Accra.

Agriculture, corruption, industrie pétrolière… Tous les sujets y passent, sur les pancartes des jeunes Ghanéens sortis dans la capitale malgré les mesures sanitaires — près de 500 cas de contamination à la Covid-19 sont enregistrés chaque jour. Les manifestants réclament une meilleure répartition des richesses pétrolières du pays et, plus globalement, une meilleure gouvernance et de meilleures conditions de vie. Ils demandent également la mise en place de réformes sociales et économiques.

Un tiers des jeunes Ghanéens sans emploi

Fin juin, à Ashanti, dans le sud du pays, des manifestants se réclamant de la campagne #FixtheCountry avaient marché dans les rues. La police avait alors violemment réprimé la manifestation, et deux personnes avaient été tuées lors d’affrontements avec la police. Si le calme est rapidement revenu à Ashanti, cet épisode a un peu plus accentué la campagne #FixtheCountry. Les manifestants, en plus de réclamer de meilleures conditions de vie, demandent également que justice soit faite concernant les décès des deux Ghanéens en juin.

Lancée en mai, par des Ghanéens se disant « apolitiques », la campagne #FixtheCountry avait débuté avec un appel à manifester le 9 mai dernier. Mais le gouvernement et la police ont avancé des raisons sanitaires et de sécurité pour empêcher la tenue de l’événement. Outre cette campagne, le parti d’opposition, le Congrès démocratique national (NDC), a lui aussi appelé à manifester le 6 juillet dernier.

Ce 4 août, le mouvement a pris de l’ampleur avec des manifestations très suivies au Ghana, la police ayant finalement accepté les demandes des organisateurs. Lors des défilés de ce mercredi, on a pu voir des Ghanéens demander à leur « vieux président », Nana Akufo-Addo, de « se réveiller ». D’autres ont demandé une réforme constitutionnelle.

Si le Ghana enregistre des chiffres de croissance économique assez bons ces dernières années — le pays est classé parmi les dix économies africaines à la croissance la plus rapide depuis 2017 —, une récession a débuté en 2020. Malgré des chiffres positifs depuis quatre ans, les jeunes Ghanéens réclament en vain des emplois et des formations. La Banque mondiale estime qu’un tiers d’entre eux n’ont ni emploi, ni une formation professionnelle suffisante pour en trouver facilement.

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