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Le couscous, entre cuisine et diplomatie

Le couscous est entré au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en décembre dernier. Une opération qui a, pour la première fois, réuni quatre pays du Maghreb.

En décembre dernier, les traditions du couscous étaient inscrites sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). L’inscription du couscous sur cette liste résulte d’une demande conjointe inédite : Algérie, Mauritanie, Maroc et Tunisie ont tous œuvré pour cette reconnaissance. « Cette inscription conjointe est une très belle réussite. C’est un signe fort de reconnaissance culturelle et c’est aussi un vrai succès diplomatique, sur un sujet si important et si symbolique pour les peuples de toute cette région, et bien au-delà », selon Audrey Azoulay, la directrice générale de l’UNESCO. Site de vente en ligne en tunisie

Diplomatique ? Ghazi Gherairi, ambassadeur de Tunisie à l’Unesco, tempère l’affirmation d’Audrey Azoulay. « La tentation est facile d’utiliser ce genre d’expression, expliquait-il au moment du dépôt de dossier début 2019. Mais en tout état de cause, c’est la preuve que les éléments culturels (ici culinaires mais demain, musicaux ou autres) peuvent transcender les tensions ou les divergences et montrer que les éléments qui nous rapprochent sont plus forts que ceux qui nous divisent ». Pour le diplomate tunisien, « si le couscous peut être un vecteur diplomatique, pourquoi pas ! »

L’Algérie à la manœuvre, le Maroc en renfort

Car faire tomber d’accord ne serait-ce que le Maroc et l’Algérie n’était sans doute pas chose aisée. L’UNESCO tente d’encourager les inscriptions multinationales, avec pour objectif de « rapprocher des peuples et des cultures ». Et le couscous a pu jouer ce rôle d’unificateur, malgré les divergences sur sa recette et son origine. « Le couscous est un élément qui rapproche les Maghrébins », résume Ghazi Gherairi qui admet que cela ne change rien au fait que chaque pays a « ses spécificités » en matière culinaire.

Comment un simple plat peut-il autant faire polémique ? En septembre 2016, l’Algérie avait annoncé vouloir déposer un dossier consacré au couscous à l’UNESCO. Le Maroc n’avait que peu goûté à cette idée. Un accord avait finalement été trouvé entre les deux pays, la Tunisie et la Mauritanie ayant rejoint le mouvement pour montrer l’image d’un « Maghreb unifié ».

Le couscous n’est pas le Sahara Occidental

Malgré tout, cette inscription au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO ne résoudra pas les différends entre ces pays. Exemples lors de la cérémonie officielle en décembre. Malika Bendouda, ministre algérienne de la culture, avait voulu rappeler que l’Algérie était « parmi les précurseurs de la genèse de ce plat », quand d’autres assure que le meilleur couscous est tunisien, notamment celui au poisson.

Reste désormais à savoir si, malgré les divergences, les pays du Maghreb réussiront à faire front commun pour défendre leurs traditions. Ce dossier est le premier commun entre ces quatre pays du Maghreb. Pour le chef algérien Rabah Ourrad, « le couscous est maghrébin, le couscous nous appartient ». Un premier pas vers des relations apaisées dans le Maghreb. Mais le couscous est encore loin de faire oublier les tensions qui règnent dans le dossier du Sahara Occidental. Face aux tensions diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc sur ce dossier, notamment depuis l’annonce de la Maison-Blanche de reconnaître la souveraineté du royaume chérifien sur cette région, une couscoussière ne fait pas le poids. Mais le dossier transmis à l’UNESCO montre que, parfois, les pays du Maghreb peuvent se retrouver autour d’une cause commune. C’est déjà ça.

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