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L’Afrique, éternelle absente des sommets du G20

Alors que le prochain sommet du G20 se tiendra à Rome les 30 et 31 octobre 2021, l’Afrique manque toujours à l’appel. Pourquoi le continent brille-t-il autant par son absence ?

C’était en avril 2020. Les ministres des finances du G20 se mettaient d’accord pour suspendre partiellement le service de la dette de nombreux Etats à bas revenus, parmi lesquels plusieurs pays africains. Une décision prise unilatéralement par les membres du G20, dont l’Afrique du Sud est le seul membre africain. C’est d’ailleurs un débat qui persiste depuis de trop nombreuses années : l’Afrique est la grande absente de ce « groupe des 20 » pays les plus riches. Le continent est le moins représenté au G20 — à l’exception de l’Océanie qui compte seulement l’Australie.

En 2008, pourtant, alors que les pays du G20 se réunissaient à Washington pour discuter de la refonte du système financier international, l’Afrique avait une opportunité de peser un peu plus au sein du club des dirigeants des pays industrialisés et émergents les plus riches. « Il avait été envisagé que l’Afrique ait un représentant propre (…) au moins à titre d’observateur, expliquait Philippe Hugon, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), aux Echos. Mais les pays africains n’ont pas saisi cette opportunité et n’en ont pas fait la demande ».

« L’Afrique ne peut être tenue à la marge puisqu’elle est l’avenir du monde »

Peu avant le sommet de Washington, le président congolais Denis Sassou N’Guesso s’était exprimé « au nom de tous les chefs d’Etat africains » et avait indiqué qu’il est « inacceptable que l’Afrique soit mise à l’écart » de la réunion américaine du G20, comme des autres d’ailleurs. Sept chefs d’Etat africains avaient alors demandé à « DSN » de les représenter au sommet de Washington. Le chef de l’Etat congolais demandait que l’Union africaine trouve sa place au sein du groupe. « Ce qui se joue aujourd’hui, c’est l’avenir du monde, l’Afrique ne peut être tenue à la marge puisqu’elle est justement l’avenir du monde », affirmait-il alors.

Un an plus tard, à Londres cette fois, l’Afrique était une nouvelle fois absente des discussions lors d’une réunion du G20. Une véritable injustice : les discussions du « groupe des 20 » permettent notamment de réformer le système financier mondial, mais en exclure un continent tout entier empêche aux 54 pays qui le composent de se faire entendre, et ce malgré la présence de l’Afrique du Sud qui est là en son nom propre et non en celui du continent.

De facto, l’Afrique est donc la grande oubliée des décisions qui résultent des réunions successives du G20. Comment les seuls pays riches constituant le G20 peuvent-ils, ne serait-ce qu’un instant, penser à un continent qu’ils ne connaissent que trop mal ? D’autant que la baisse perpétuelle du prix des matières premières, conjuguée à la diminution des aides des pays développés vers l’Afrique ont de véritables conséquences économiques pour le continent.

En 2017, l’Allemagne invite l’Afrique au sommet du G20

En 2017, l’Allemagne accueillait le sommet annuel du G20. Une réunion exceptionnelle pour l’Afrique : deux représentants africains — le président sénégalais Macky Sall et le président de l’UA Alpha Condé — étaient invités pour la première fois, plusieurs chefs d’Etat africains avaient été reçus par la chancelière.

« Cette présence ne doit rien au hasard. La population africaine va doubler d’ici à 2050 pour atteindre au moins 2,5 milliards d’habitants, et la moitié de cette population aura moins de 25 ans, assurait cette année-là Friederike Röder, directrice de l’ONG One France. L’Afrique est en passe de devenir le continent le plus dynamique et le plus jeune de la planète ».

Une présence africaine qui doit beaucoup à l’Allemagne. La chancelière Angela Mergel avait, en 2017, fait savoir qu’elle accorderait une place privilégiée à l’Afrique. Le G20 avait alors discuté d’un « Partenariat avec l’Afrique ».

Reste que, à part lors de ce G20 de 2017, l’Afrique reste aujourd’hui bien éloignée des discussions des différents sommets internationaux. C’est à se demander si, un jour, les pays africains pourront participer aux prises de décisions du « groupe des 20 ». En attendant, le continent n’a qu’à suivre le chemin tracé par le G20… sans pouvoir en dessiner les contours.

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