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La Tunisie ne veut plus être la base arrière de Fathi Bachagha

Après avoir laissé Fathi Bachagha s’organiser depuis Tunis, le président Kaïs Saïed aurait signifié au Premier ministre libyen son désaccord quant à ses activités politique et diplomatiques sur son territoire.

Est-ce une façon, pour la Tunisie, de faire preuve de neutralité dans la bataille qui oppose les deux Premiers ministres libyens, Abdel Hamid Dbeibah et Fathi Bachagha ? Ce dernier, désigné le 3 mars dernier par la Chambre des représentants de Tobrouk à la primature, s’est régulièrement rendu en Tunisie pour mettre en place sa stratégie politique. Dernier passage en date de Bachagha du côté de Tunis : le 17 avril dernier. Mais après y avoir réuni plusieurs responsables militaires de l’ouest, le Premier ministre libyen avait été empêché de passer la frontière dans l’autre sens par les forces fidèles à Abdel Hamid Dbeibah.

Et alors qu’il était prévu qu’il se rende à nouveau à Tunis ces derniers jours, la situation se complique pour Fathi Bachagha. En effet, selon Africa Intelligence, le Premier ministre a été prié de ne plus voyager vers la Tunisie pour y faire de la politique ou de la diplomatie internationale. Le 19 avril dernier, Bachagha aurait été renvoyé illico presto vers Benghazi.

Une information que Hafedh Kaddour, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Bachagha, a démentie, assurant qu’aucune demande tunisienne de quitter le territoire n’avait été formulée. Mais il semblerait bien que Kaïs Saïed ne soit plus vraiment d’accord pour que son pays soit la base arrière du Premier ministre de l’est.

Tunis s’aligne sur Alger

Selon le journal français, le président tunisien se serait en effet rapproché d’Abdel Hamid Dbeibah ces dernières semaines. Kaïs Saïed cherche surtout à contenter Alger : Dbeibah avait rencontré le président algérien Abdelmadjid Tebboune lors du 6e sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), au Qatar, lors duquel avait été signé un accord pétrolier et gazier entre la National Oil Corporation (NOC) libyenne et la Sonatrach algérienne.

Or, Tunis dépendant des aides financières algériennes, Kaïs Saïed a tout intérêt à ne pas prendre position pour Bachagha et à rester, au pire, dans la neutralité. D’autant que Khalifa Haftar et Fathi Bachagha sont désormais alliés. Il y a une semaine, à la veille de l’arrivée de Bachagha à Tunis, Abdelmadjid Tebboune avait reçu Abdel Hamid Dbeibah.

Kaïs Saïed aurait donc prévenu le Premier ministre désigné par le parlement de l’est libyen qu’il ne devait plus faire de politique depuis Tunis. Mais ce n’est pas pour autant que Bachagha est interdit de territoire tunisien. En effet, précise Africa Intelligence, le dirigeant libyen pourra toujours séjourner dans sa suite du Four Seasons de Gammarth, à condition de ne pas y réunir d’autres leaders politiques.

Outre Alger, Abdel Hamid Dbeibah serait lui-même intervenu auprès du président tunisien pour barrer la route à Bachagha, que les rumeurs envoyaient à Tripoli. En effet, il était envisagé pour les milices pro-Bachagha un passage par le poste-frontière de Dehiba pour rejoindre la capitale libyenne. Dbeibah avait alors convoqué l’ambassadeur tunisien à Tripoli, Lassaad Ajili. Nul doute que le Premier ministre sortant avait mis la pression sur Tunis pour éviter que Kaïs Saïed n’affiche son soutien envers son rival, Fathi Bachagha.

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