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La Maison-Blanche veut régler le dossier du Sahara Occidental au plus vite

Alors que la désignation d’un envoyé spécial au Sahara Occidental est au point mort, les Etats-Unis tentent de convaincre le Maroc de débloquer la situation.

Fin mai, le Maroc jouait la montre à l’ONU. Le royaume ne semblait pas contre l’idée que Staffan de Mistura soit désigné envoyé spécial au Sahara Occidental. Alors que le Front Polisario avait déjà donné son accord à cette nomination, Rabat avait en effet préféré attendre avant de laisser le diplomate italo-suédois prendre ses fonctions, le temps de négocier avec l’Espagne et l’Allemagne. Il se pourrait finalement que la désignation de Mistura ne soit plus d’actualité. Le dossier continue de s’enliser. Et, en attendant, c’est dans les presses marocaine, algérienne et sahraouie que se joue le conflit.

Les médias sahraouis relaient les accusations du Polisario envers le Maroc. Selon le représentant du Front Polisario auprès des Nations Unies (ONU), Mohamed Sidi Amar, le royaume chérifien a officiellement rejeté la dernière proposition du Secrétaire général de l’ONU de nommer Staffan de Mistura en tant qu’envoyé personnel au Sahara Occidental.

Sidi Amar explique que « la position du Maroc fait suite à son rejet d’autres propositions concernant de nombreux candidats proposés par l’ONU aux deux parties ». Et le Sahraoui d’ajouter que le royaume a « fixé des conditions préalables qui excluent arbitrairement des pays membres de l’ONU tout comme elle a rejeté tout candidat des pays scandinaves, d’Australie, d’Autriche, des Pays Bas ou de la Suisse ».

Les candidatures se succèdent

La presse marocaine, elle, rappelle que l’Algérie avait, elle aussi, rejeté plusieurs candidatures parmi lesquelles celles de l’ancien Premier ministre roumain Petre Romain ou encore de l’ex-ministre portugais des Affaires étrangères, Louis Amado.

Ce statu quo n’est en tout cas bon pour personne. Et il alimente les attaques entre les différentes parties : « Ceci confirme que le Maroc n’a aucune volonté politique d’aller vers une solution pacifique au conflit sahraoui », affirme Sidi Amar qui accuse le royaume de vouloir mettre en place un envoyé spécial qui serait acquis à sa cause. Pour le Front Polisario, la désignation d’un nouvel envoyé personnel au Sahara Occidental « n’est pas une fin en soi mais un moyen pour faire avancer le processus de règlement et réunir les conditions propices permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination ».

Sidi Amar demande aux Nations unis d’« user de tous les moyens et de toutes les prérogatives que lui confère la charte de l’ONU pour relancer le processus de paix et accélérer sa mise en oeuvre en faveur d’une solution juste fondée sur le respect total du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, à la lumière des derniers développements marqués par la poursuite de l’agression marocaine sur les territoires sahraouis ».

La situation bloquée inquiète au plus haut point. L’administration Biden a elle aussi décidé d’accélérer le processus de paix au Sahara Occidental, plus de six mois après que Donald Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. La Maison-Blanche a demandé à Brett McGurk, conseiller du président Biden pour le Moyen-Orient, de suivre avec attention le dossier. Le nouveau « Monsieur Sahara » de Washington s’est entretenu ces derniers jours avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

La Maison-Blanche et son « Monsieur Sahara »

Les Etats-Unis, via l’intermédiaire de Brett McGurk, ont demandé au royaume « de soutenir la nomination d’un nouvel envoyé de l’ONU pour le Sahara Occidental afin de renouveler le processus diplomatique sur la question et de faire avancer le processus de normalisation avec Israël », indique une source marocaine.

Problème : l’administration Biden doit aujourd’hui avancer dans ce dossier malgré la décision de Donald Trump en décembre dernier d’annoncer publiquement la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. Lors de son coup de fil à Rabat, McGurk aurait rassuré son interlocuteur en affirmant qu’aucun retour en arrière n’était envisagé. Mais Washington aura bien du mal à être juge et partie dans ce dossier : plus de six mois après avoir donné satisfaction aux Marocains dans le dossier sahraoui, les Etats-Unis auront du mal à faire consensus auprès de tous les protagonistes.

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