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La fin du franc CFA, une volonté populaire plus que politique ?

Un sondage Afrobarometer montre que les Africains francophones sont favorables à une monnaie unique, non contrôlée par la France.

C’est un secret de polichinelle : la réforme annoncée du franc CFA patauge, en grande partie à cause de la France, qui souhaite garder une certaine mainmise sur la monnaie unique africaine, et des dissensions entre États africains. Annoncée en grande pompe en décembre 2019, cette réforme n’a que peu avancé. Alors que la convention de garantie, signée en décembre 2020, devait établir un rôle restreint de la France et obliger Paris à procéder au transfert de 5 milliards d’euros à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), on pensait voir naître l’ECO assez rapidement. Mais la nouvelle monnaie unique se fait attendre…

À croire que les dirigeants ne veulent pas d’une monnaie unique. Il faut dire que les dirigeants peinent à s’accorder, notamment entre les zones ouest-africaine et centre-africaine. Pourtant, un sondage montre que les populations africaines attendent de pied ferme la fin du franc CFA. Et ils se disent en grande majorité favorables à une monnaie unique sous-régionale, sans qu’une quelconque tutelle européenne soit mise en place.

A quand une vraie réforme monétaire ?

Le sondage, daté de juillet 2022, a été effectué par le réseau panafricain de recherche Afrobarometer sous le titre : « L’intégration monétaire sous-régionale est souhaitée par les citoyens d’Afrique de l’Ouest et Centrale francophone ». Les résultats sont en effet sans appel : plus de 80 % des citoyens d’Afrique de l’Ouest et Centrale francophone désirent une monnaie unique indépendante. Au Togo, ce pourcentage monte même jusqu’à 93 %. Au Gabon, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, ils sont respectivement 89, 77 et 82 % à vouloir la même chose.

Ces Africains refusent que leur monnaie soit contrôlée par « des puissances étrangères comme la France ». En cause, le fait que les personnes sondées estiment, pour 8 d’entre elles sur 10, que le franc CFA profite plus à la France qu’aux pays membres de la zone CFA.

« Ces positions très marquées dans tous les pays où des données ont été recueillies montrent que, pour l’Afrique de l’Ouest, les pays devraient accélérer leurs efforts pour enfin donner vie à une monnaie sous-régionale. En Afrique Centrale francophone, même si le processus de la monnaie unique n’est pas encore évoqué, les populations de ces pays semblent également en percevoir les bénéfices et remettent en cause l’attachement actuellement du franc CFA à la France », indique Afrobarometer.

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