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Guinée : Alpha Condé libre, mais toujours surveillé ?

Alpha Condé a été libéré vendredi. L’ancien président guinéen peut officiellement revivre normalement, et même faire à nouveau de la politique.

Après des semaines d’une feuilleton qui n’en finissait pas, et qui avait fait voyager les observateurs de Conakry aux Emirats arabes unis, l’ancien président de Guinée, Alpha Condé, est officiellement libre. Le chef de l’Etat déchu, après le putsch de septembre 2021, avait été placé en résidence surveillée.

Après un séjour dans le Golfe pour se faire soigner de la hanche, Alpha Condé espérait rejoindre la Côte d’Ivoire. Officiellement pour se faire soigner. Mais le Guinéen semblait en réalité vouloir trouver refuge chez Alassane Ouattara. Les autorités militaires guinéennes avaient tout fait pour qu’Alpha Condé rejoigne son domicile. Son entourage craignait alors que la junte ennuie l’ex-président, qui avait, dans un enregistrement, appelé à se mobiliser contre les autorités en place.

Des autorités qui ont pris les bookmakers à contre-pied. Car dans un communiqué daté de vendredi dernier, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) du colonel Mamady Doumbouya a indiqué qu’Alpha Condé était désormais libre de ses mouvements.

Une liberté qui semble tout de même très mince : sous couvert d’être « protégé », Alpha Condé est toujours surveillé de près. Les militaires assurent que l’ex-président « pourra recevoir, à sa demande, les membres de sa famille biologique, politiques, des amis ou proches ».

En affirmant que « la dignité et l’intégrité du président déchu seront toujours préservées conformément à son rang », le CNRD répondre à la demande de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui avait demandé au lendemain du putsch de septembre dernier qu’Alpha Condé soit libéré.

Un geste pour plaire à la Cedeao ?

Si les militaires contentent ainsi le « syndicat » des présidents ouest-africains, ils n’ont pas réussi à mettre tout le monde d’accord. En effet, les victimes d’Alpha Condé et leurs proches aimeraient que l’ancien président soit jugé. Cité par RFI, Alsény Sall, porte-parole de l’Organisation guinéenne des droits de l’homme indique que « le premier travail que le CNRD devrait faire, c’est de soumettre son dossier à la justice qui est la seule habilité de décider des droits et libertés des citoyens ». Plusieurs plaintes ont été déposées contre Alpha Condé.

D’autres organisations, plus politiques celles-ci, à l’instar du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) estiment que les militaires ont libéré Alpha Condé pour avoir les mains plus libres, notamment vis-à-vis de la Cedeao. Mais ils demandent que la transition ne pâtisse pas de cette décision. D’autant que Condé peut encore avoir des activités politiques.

Enfin, du côté des partisans d’Alpha Condé, on crie à l’opération de communication. D’ailleurs, l’ex-chef de l’Etat aurait refusé d’être photographié libre, avec ses proches. « Connaissant son caractère, Alpha Condé ne veut pas être le faire-valoir de la junte, qui a annoncé sa libération pour montrer qu’elle était souple », affirme un proche de l’ex-président.

Le timing interroge d’ailleurs : c’est ce lundi que la Cedeao se réunissait, notamment pour décider de possibles sanctions contre les militaires guinéens. « Le gouvernement guinéen n’agit pas sous le coup de la contrainte », a rétorqué le porte-parole du gouvernement, qui menace de quitter la Cedeao.

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