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Guinée : Alpha Condé abdique sur la question des prix des carburants

Le conflit sur les prix des carburants en Guinée a pris fin sur une victoire symbolique de l’opposition. L’annonce du président Alpha Condé avait, en effet, suscité un long débat.

« Nous vendons le litre de carburant à 9000, alors qu’il est à 14 000 en Côte d’Ivoire et 13 000 au Sénégal ! », s’était indigné le président guinéen Alpha Condé fin mars. Depuis, on ne parle que de l’augmentation des prix des hydrocarbures, dans la Guinée riche en pétrole.

Après un long débat, qui a inclus les figures d’opposition guinéennes, le gouvernement a suspendu la décision d’augmentation. Mais il tentera tout de même une procédure plus souple. Une « concertation » aura lieu dans les prochaines semaines. Ainsi, la classe politique aurait l’impression de participer à la décision, et le gouvernement éviterait les scandales.

En effet, depuis des semaines, le mot « subvention » revient souvent dans le débat. Si le ministre chargé des Hydrocarbures, Diakaria Koulibaly, prônait que l’Etat aidait un peu trop le citoyen. Le leader du Parti des démocrates pour l’espoir (PADES), Ousmane Kaba, a défendu que justement, l’Etat jouait sur la sémantique.

Les prix des carburants, quand tout le monde s’en mêle…

Selon Kaba, ce que le gouvernement présente comme des subventions des hydrocarbures ne serait que des moins-values, dues au manque d’organisation. Sachant que l’opinion publique guinéenne était convaincue que les carburants étaient subventionnés, un scandale a éclaté.

La divulgation d’un document a mis le feu aux poudres. Le Front national pour la défense de la Constitution guinéenne (FNDC) avait dévoilé aux médias la chaîne de distribution des hydrocarbures au niveau national. Le document prouve que les tarifs étaient même plus hauts à la vente que leur valeur TTC. A savoir 6700 GNF, contre le prix fixé à 9000 GNF qu’Alpha Condé estimait trop bas !

Les Guinéens, convaincus depuis longtemps que la subvention de l’Etat procurait des prix abordables à la pompe, ont été surpris. Et lors d’un duel médiatique entre Ousmane Kaba et Diakaria Koulibaly, le gouvernement s’est retrouvé en mauvaise posture. L’insistance du ministre sur la légitimité de la position de l’Etat sur la question a ridiculisé l’échange.

C’est à ce moment que le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, est monté au créneau. Lors de l’assemblée générale de son parti l’UFDG, le 29 mai, Diallo a dévoilé un autre document sur le sujet. Démontrant que l’Etat prélève 27% du prix de l’essence à la pompe. Selon lui, le prix TTC serait encore plus bas que l’estimation du FNDC.

Devant la tempête que causerait l’augmentation soudaine des prix, le gouvernement a donc retardé l’exécution de ses plans. Le 31 mai, un communiqué a annoncé la suspension de l’augmentation des prix. Du côté des stations-service, c’est un non pour vendre à perte. La pénurie du dernier mois a poussé les prix jusqu’à 13 000 GNF dans le pays. En attendant les pourparlers entre gouvernement, opposants et spécialistes, les citoyens guinéens devront donc se tourner vers le marché noir.

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