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En Somalie, les négociations avec les Shebabs passent par leur intégration politique

Le nouveau gouvernement somalien compte, depuis hier, un ex-Shebab dans ses rangs. Une façon pour le président d’ouvrir les négociations avec le groupe terroriste ?

Alors qu’il a été élu président de Somalie en mai dernier, Hassan Sheikh Mohamoud a fort à faire face à la menace terroriste, qui s’illustre par la force des Shebabs. D’ailleurs, après le scrutin, The New York Times ironisait à propos de la situation sur place : « La Somalie a élu un nouveau président, mais les terroristes ont le vrai pouvoir », écrivait le journal américain.

Malgré l’aide militaire américaine, selon le nouveau président somalien, l’insurrection violente des Shebabs nécessite une réponse adaptée. Début juillet, Hassan Cheikh Mohamoud a d’ailleurs affirmé que des négociations avec le groupe terroriste allaient débuter, après avoir remarqué que les Shebabs avaient mis en place un « mécanisme d’adaptation » à la riposte militaire.

Mais à l’époque, Hassan Cheikh Mohamoud n’avait pas annoncé de dates concernant ces négociations et avait simplement botté en touche en affirmant qu’il n’était « pas actuellement en position pour négocier avec les Shebabs » et que les discussions débuteraient « au bon moment ».

Si les négociations n’ont pas officiellement débuté, un premier cap a été franchi : Mukhtar Robow, l’ancien numéro 2 des Shebabs, vient en effet d’être désigné ministre des Affaires religieuses du gouvernement. Unn acte très symbolique : Mukhtar Robow a cofondé le groupe terroriste et en a longtemps été le porte-parole.

Ce mardi, le Premier ministre somalien Hamza Abdi Barre avait la lourde tâche d’annoncer son nouveau gouvernement.

Il a affirmé, dans un tweet, avoir pour objectif, avec son gouvernement, de « rendre (son) pays sûr, progressiste et prospère ».

L’arrivée d’un ex-Shebab à un poste de ministre reste un premier pas pour la Somalie : Mukhtar Robow est un repenti, qui avait voulu se présenter à la présidentielle en affirmant « savoir comment détruire » les Shebabs. C’était en 2018 et le président d’alors, Mohamed Abdullahi Mohamed, assurait que Robow n’avait en réalité « jamais renoncé à ses idéologies extrémistes ».

Il faut dire que le passé de Mukhtar Robow ne plaide pas en sa faveur : l’homme a été placé sur la liste des terroristes par les Etats-Unis et sa tête a été mise à prix pour 5 millions de dollars. Son départ des Shebabs, Robow le doit avant tout à une guerre d’égos avec Ahmed Abdi Godane, le numéro 1 de l’organisation.

Pour Hassan Cheikh Mohamoud, il s’agit d’envoyer un message fort aux Shebabs : « Même maintenant, nous ouvrons la porte à tous ceux qui veulent dénoncer la violence, les idéologies extrémistes et rejoindre une vie normale en Somalie », avait-il dit en juillet.

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