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Guinée : tout savoir sur le coup d’Etat contre Alpha Condé

Des coups de feu se sont faits entendre dans le quartier de Kaloum à Conakry, la capitale de la Guinée. Depuis 8 heures du matin, des affrontements opposent l’armée et la garde présidentielle aux Groupe des Forces Spéciales.

[Mise à jour le dimanche 5 septembre à 13h10]

C’est un dimanche chaotique qui a débuté en Guinée. A peine revenu de son voyage en Allemagne, le président Alpha Condé aurait été visé par une tentative de coup d’Etat. Les coups de feu ont commencé dans le camp Makambo de Kaloum, dans la capitale, Conakry. Une heure plus tard, les affrontements se sont poursuivis aux alentours du palais présidentiel, ainsi que dans l’enceinte de la Radiotélévision de Guinée (RTG).

Une source militaire à déclaré à l’agence Reuters que le seul pont reliant le quartier au reste de la capitale a été bouclé par de nombreux soldats. Le quartier de Kaloum, quartier natal de Sekouba Konaté est une vraie forteresse. Il abrite la plupart des ministères, le palais présidentiel et deux casernes militaires, entre autres.

Un haut responsable du gouvernement avait déclaré que le président Alpha Condé était sain et sauf. En Guinée, des sources évoquent une mutinerie au sein de l’armée, tandis que l’option d’une tentative de coup d’Etat est de plus en plus probable. Le ministre de la Sécurité et de la protection civile, Damantang Albert Camara, a été escorté par les forces de l’ordre pour rejoindre le palais présidentiel. « Toutes les rues ont été désertées, pendant que les tirs nourris continuent. Des militaires, visiblement mécontents, vident les chargeurs de leurs armes, alors que les habitants de Kaloum restent terrés, terrorisés et inquiets », indique la presse locale. Plus tard, on apprend que le coup d’Etat a été consumé, et que le président Alpha Condé a été arrêté.

Le GPS de Mamady Doumbouya à l’origine du coup d’Etat

Selon une source proche du palais, le Groupe des forces spéciales (GPS) aurait mené l’opération contre Alpha Condé. Fragilisé depuis son élection pour un troisième mandat inconstitutionnel, le président de la Guinée est largement contesté dans la rue. Une tentative de coup d’Etat serait donc un prétexte parfait pour que le président guinéen poursuive sa répression, alors que les mouvements sociaux et politiques se multiplient.

Selon certains médias, l’attaque de ce dimanche a donc été exécutée par le Groupe des forces spéciales (GPS). L’unité d’élite, menée par le colonel Mamady Doumbouya, a ces derniers temps accru la méfiance d’Alpha Condé à son égard. La volonté de Doumbouya d’émanciper le GPS du contrôle des autorités militaires a suscité des rumeurs sur son arrestation en juin dernier. Mais il était en réalité toujours libre.

Dans une allocution, Mamady Doumbouya annonce la dissolution de la Constitution, des institutions et du gouvernement, ainsi que la fermeture des frontières. Il appelle ses « frères d’armes » à « rester dans les casernes et continuer leurs activités régaliennes ».

En 2011, la Guinée a connu une autre tentative de coup d’Etat. Lors d’une attaque nocturne contre sa résidence, seul un membre de la garde rapprochée du président avait été tué, avant que l’armée ne mette un coup d’arrêt à cette tentative. Néanmoins, les évènements d’aujourd’hui sont bien différents. L’attaque survient une semaine après que le parlement a voté une augmentation de budget pour la présidence et les parlementaires, mais une diminution substantielle pour ceux qui travaillent dans les services de sécurité comme la police et l’armée.

Dans une autre vidéo récemment publiée, on aperçoit le président Alpha Condé, totalement nonchalant, encerclé par des membres des forces spéciales qui indiquent ne pas lui avoir fait de mal. Mais le chef de l’Etat semble aujourd’hui bel et bien prisonnier du GPS.

Alpha Condé face aux conséquences de sa gouvernance

Alpha Condé a serré les dents ces derniers mois, alors que le contexte ne lui est pas favorable, notamment à cause de l’inflation induite par le plan de redressement du FMI. L’image du président ne cesse de se dégrader. La hausse du prix des carburants et le délabrement du pouvoir d’achat ont provoqué des dizaines de mouvements.

Du côté de l’opposition, la contestation des résultats de l’élection de septembre 2020 a mené à une large campagne de répression contre les hommes politiques les plus populaires. Si le rival d’Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, reste en liberté, ce n’est pas le cas des opposants plus radicaux. En effet, en janvier dernier, Mamady Condé a été arrêté, à peine une semaine après le décès de Mamadou Oury Barry en prison. Un cadre de l’UFDG, principal parti d’opposition, Roger Bamba, est également mort en détention en décembre 2020. Selon Human Rights Watch, des centaines d’opposants croupissent dans les prisons guinéennes.

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