• Trending
Zelensky

Les présidents africains boudent Volodymyr Zelensky

21 juin 2022
Pourquoi les deux Congo portent-ils le même nom ?

Pourquoi les deux Congo portent-ils le même nom ?

1 décembre 2022
L’Afrique compte-t-elle 54, 55 pays… ou plus ?

L’Afrique compte-t-elle 54, 55 pays… ou plus ?

6 août 2021
Elections Afrique 2022

2022, année d’élections et d’incertitudes en Afrique

2 janvier 2022
Le tourisme sexuel en Afrique, entre tabous et instrumentalisation

Le tourisme sexuel en Afrique, entre tabous et instrumentalisation

27 septembre 2021
Hassan Maroc

Maroc : l’héritier Hassan III, portrait craché de son grand-père ?

17 février 2022
L’armement de l’Ukraine par les Américains passe par le Maroc

L’armement de l’Ukraine par les Américains passe par le Maroc

6 décembre 2022
François Beya

RDC : qui est François Beya, le « Monsieur renseignements » qui vient d’être interpellé ?

6 février 2022
Black Axe

[Gangs d’Afrique] « Black Axe », la mystérieuse mafia nigériane

2 août 2022
Elisabeth II

Elisabeth II : une reine inoxydable et un empire qui refuse de mourir

6 juin 2022
Philippe Simo

[Série] Les arnaqueurs d’Afrique : Philippe Simo, le « beau parleur » entrepreneur

9 mars 2022
Corne de l'Afrique

Comment Chinois et Américains se disputent la Corne de l’Afrique

9 janvier 2022
lundi, 6 février 2023
Passeports
العربية AR 简体中文 ZH-CN English EN Français FR Deutsch DE Português PT Русский RU Español ES Türkçe TR
Pays
No Result
View All Result
Le Journal de l'Afrique
can2021
Emploi
  • Accueil
  • L’Afrique d’hier
    Les grands mammifères ont façonné l’évolution de l’homme : voici pourquoi cela s’est passé en Afrique

    Les grands mammifères ont façonné l’évolution de l’homme : voici pourquoi cela s’est passé en Afrique

    26 janvier 1978 : le jour où la Tunisie a connu un « Jeudi noir »

    26 janvier 1978 : le jour où la Tunisie a connu un « Jeudi noir »

    Le génocidaire rwandais Aloys Ntiwiragabo porte plainte après avoir été comparé à un nazi

    Le génocidaire rwandais Aloys Ntiwiragabo porte plainte après avoir été comparé à un nazi

    22 ans plus tard, la mort de Laurent-Désiré Kabila n’a pas livré tous ses secrets

    22 ans plus tard, la mort de Laurent-Désiré Kabila n’a pas livré tous ses secrets

    Égypte blanche, Égypte noire : histoire d’une querelle américaine

    Égypte blanche, Égypte noire : histoire d’une querelle américaine

    Algérie-France : un nouveau départ ?

    Pourquoi la France refuse-t-elle de demander pardon pour la colonisation ?

    Qui était le Sénégalais Ousmane Sembène, le « père du cinéma africain » ?

    Qui était le Sénégalais Ousmane Sembène, le « père du cinéma africain » ?

    La douloureuse histoire de l’Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale

    La douloureuse histoire de l’Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale

    Aux urnes (5/7) : l’Union nationale africaine du Zimbabwe vraiment inébranlable ?

    Aux urnes (5/7) : l’Union nationale africaine du Zimbabwe vraiment inébranlable ?

  • L’Afrique d’aujourd’hui
    Médicaments contaminés en Gambie : le scandaleux déni indien

    Médicaments contaminés en Gambie : le scandaleux déni indien

    Football : le Sénégal sur le toit de l’Afrique

    Football : le Sénégal sur le toit de l’Afrique

    Moody's

    Nigeria, Congo, Tunisie… Le diktat des agences de notation

    Grammy Awards : Angélique Kidjo bien partie pour établir un record ?

    Grammy Awards : Angélique Kidjo bien partie pour établir un record ?

    Au Sénégal, l’hippopotame est-il voué à disparaître ?

    Au Sénégal, l’hippopotame est-il voué à disparaître ?

    Le pape François dénonce le « colonialisme économique » en Afrique

    Le pape François dénonce le « colonialisme économique » en Afrique

    Maroc-Espagne : « S’il faut avaler des couleuvres, on le fera ! »

    Maroc-Espagne : « S’il faut avaler des couleuvres, on le fera ! »

    A Lagos, Google Maps permet d’améliorer l’accès aux soins obstétricaux

    La réforme du système fiscal international pénalise-t-elle l’Afrique ?

    Quel avenir pour le populisme semi-autoritaire en Tunisie après les élections législatives ?

    Quel avenir pour le populisme semi-autoritaire en Tunisie après les élections législatives ?

  • L’Afrique d’après
    George Weah rate sa réforme constitutionnelle

    Au Liberia, George Weah vise le doublé

    Quelles perspectives pour l’économie africaine en 2023 ?

    Quelles perspectives pour l’économie africaine en 2023 ?

    S’inspirer de l’Asie pour l’organisation d’événements sportifs ?

    CAN 2025 : quel est le favori pour accueillir la compétition ?

    Aux urnes (7/7) : en Sierra Leone, Julius Maada Bio restera-t-il en poste ?

    Aux urnes (7/7) : en Sierra Leone, Julius Maada Bio restera-t-il en poste ?

    RDC : comment Tshisekedi veut passer à l’action

    Aux urnes (6/7) : Félix Tshisekedi va-t-il jouer les prolongations ?

    Aux urnes (4/7) : au Liberia, George Weah sur la touche ?

    Aux urnes (4/7) : au Liberia, George Weah sur la touche ?

    Muhammadu Buhari

    Aux urnes (3/7) : au Nigeria, qui succèdera à Muhammadu Buhari ?

    Entre la RDC et le Gabon, la fin de la bataille diplomatique ?

    Aux urnes (2/7) : Ali Bongo Ondimba, un chef sans dauphin

    Aux urnes (1/7) : à Madagascar, un front anti-Rajoelina ?

    Aux urnes (1/7) : à Madagascar, un front anti-Rajoelina ?

  • L’Edito
    Tonakpa

    [L’humeur de Tonakpa] Les nouvelles « démocraties militaires »

    [Edito] 30 ans après, l’apartheid est-il vraiment terminé ?

    [Edito] 30 ans après, l’apartheid est-il vraiment terminé ?

    [Edito] Gabon et Commonwealth : les caprices du prince Ali

    [Edito] Gabon et Commonwealth : les caprices du prince Ali

    [Edito] Facebook et Twitter, plus dictateurs que les dictateurs ?

    [Edito] Facebook et Twitter, plus dictateurs que les dictateurs ?

    [Edito] Rwanda : pour les excuses françaises, il faudra repasser

    [Edito] Rwanda : pour les excuses françaises, il faudra repasser

    [Edito] Guinée : Alpha Condé, l’opprimé devenu oppresseur

    [Edito] Guinée : Alpha Condé, l’opprimé devenu oppresseur

    [Edito] Franc CFA : un ravalement de façade taillé sur mesure pour la France

    [Edito] Franc CFA : un ravalement de façade taillé sur mesure pour la France

    [Edito] Riyad Mahrez : One, two, three, viva l’Algérie !

    [Edito] Riyad Mahrez : One, two, three, viva l’Algérie !

    [Edito] Niger : Mohamed Bazoum débute un délicat numéro d’équilibriste

    [Edito] Niger : Mohamed Bazoum débute un délicat numéro d’équilibriste

  • Contact
  • Accueil
  • L’Afrique d’hier
    Les grands mammifères ont façonné l’évolution de l’homme : voici pourquoi cela s’est passé en Afrique

    Les grands mammifères ont façonné l’évolution de l’homme : voici pourquoi cela s’est passé en Afrique

    26 janvier 1978 : le jour où la Tunisie a connu un « Jeudi noir »

    26 janvier 1978 : le jour où la Tunisie a connu un « Jeudi noir »

    Le génocidaire rwandais Aloys Ntiwiragabo porte plainte après avoir été comparé à un nazi

    Le génocidaire rwandais Aloys Ntiwiragabo porte plainte après avoir été comparé à un nazi

    22 ans plus tard, la mort de Laurent-Désiré Kabila n’a pas livré tous ses secrets

    22 ans plus tard, la mort de Laurent-Désiré Kabila n’a pas livré tous ses secrets

    Égypte blanche, Égypte noire : histoire d’une querelle américaine

    Égypte blanche, Égypte noire : histoire d’une querelle américaine

    Algérie-France : un nouveau départ ?

    Pourquoi la France refuse-t-elle de demander pardon pour la colonisation ?

    Qui était le Sénégalais Ousmane Sembène, le « père du cinéma africain » ?

    Qui était le Sénégalais Ousmane Sembène, le « père du cinéma africain » ?

    La douloureuse histoire de l’Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale

    La douloureuse histoire de l’Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale

    Aux urnes (5/7) : l’Union nationale africaine du Zimbabwe vraiment inébranlable ?

    Aux urnes (5/7) : l’Union nationale africaine du Zimbabwe vraiment inébranlable ?

  • L’Afrique d’aujourd’hui
    Médicaments contaminés en Gambie : le scandaleux déni indien

    Médicaments contaminés en Gambie : le scandaleux déni indien

    Football : le Sénégal sur le toit de l’Afrique

    Football : le Sénégal sur le toit de l’Afrique

    Moody's

    Nigeria, Congo, Tunisie… Le diktat des agences de notation

    Grammy Awards : Angélique Kidjo bien partie pour établir un record ?

    Grammy Awards : Angélique Kidjo bien partie pour établir un record ?

    Au Sénégal, l’hippopotame est-il voué à disparaître ?

    Au Sénégal, l’hippopotame est-il voué à disparaître ?

    Le pape François dénonce le « colonialisme économique » en Afrique

    Le pape François dénonce le « colonialisme économique » en Afrique

    Maroc-Espagne : « S’il faut avaler des couleuvres, on le fera ! »

    Maroc-Espagne : « S’il faut avaler des couleuvres, on le fera ! »

    A Lagos, Google Maps permet d’améliorer l’accès aux soins obstétricaux

    La réforme du système fiscal international pénalise-t-elle l’Afrique ?

    Quel avenir pour le populisme semi-autoritaire en Tunisie après les élections législatives ?

    Quel avenir pour le populisme semi-autoritaire en Tunisie après les élections législatives ?

  • L’Afrique d’après
    George Weah rate sa réforme constitutionnelle

    Au Liberia, George Weah vise le doublé

    Quelles perspectives pour l’économie africaine en 2023 ?

    Quelles perspectives pour l’économie africaine en 2023 ?

    S’inspirer de l’Asie pour l’organisation d’événements sportifs ?

    CAN 2025 : quel est le favori pour accueillir la compétition ?

    Aux urnes (7/7) : en Sierra Leone, Julius Maada Bio restera-t-il en poste ?

    Aux urnes (7/7) : en Sierra Leone, Julius Maada Bio restera-t-il en poste ?

    RDC : comment Tshisekedi veut passer à l’action

    Aux urnes (6/7) : Félix Tshisekedi va-t-il jouer les prolongations ?

    Aux urnes (4/7) : au Liberia, George Weah sur la touche ?

    Aux urnes (4/7) : au Liberia, George Weah sur la touche ?

    Muhammadu Buhari

    Aux urnes (3/7) : au Nigeria, qui succèdera à Muhammadu Buhari ?

    Entre la RDC et le Gabon, la fin de la bataille diplomatique ?

    Aux urnes (2/7) : Ali Bongo Ondimba, un chef sans dauphin

    Aux urnes (1/7) : à Madagascar, un front anti-Rajoelina ?

    Aux urnes (1/7) : à Madagascar, un front anti-Rajoelina ?

  • L’Edito
    Tonakpa

    [L’humeur de Tonakpa] Les nouvelles « démocraties militaires »

    [Edito] 30 ans après, l’apartheid est-il vraiment terminé ?

    [Edito] 30 ans après, l’apartheid est-il vraiment terminé ?

    [Edito] Gabon et Commonwealth : les caprices du prince Ali

    [Edito] Gabon et Commonwealth : les caprices du prince Ali

    [Edito] Facebook et Twitter, plus dictateurs que les dictateurs ?

    [Edito] Facebook et Twitter, plus dictateurs que les dictateurs ?

    [Edito] Rwanda : pour les excuses françaises, il faudra repasser

    [Edito] Rwanda : pour les excuses françaises, il faudra repasser

    [Edito] Guinée : Alpha Condé, l’opprimé devenu oppresseur

    [Edito] Guinée : Alpha Condé, l’opprimé devenu oppresseur

    [Edito] Franc CFA : un ravalement de façade taillé sur mesure pour la France

    [Edito] Franc CFA : un ravalement de façade taillé sur mesure pour la France

    [Edito] Riyad Mahrez : One, two, three, viva l’Algérie !

    [Edito] Riyad Mahrez : One, two, three, viva l’Algérie !

    [Edito] Niger : Mohamed Bazoum débute un délicat numéro d’équilibriste

    [Edito] Niger : Mohamed Bazoum débute un délicat numéro d’équilibriste

  • Contact
No Result
View All Result
Le Journal de l'Afrique
Accueil L'Afrique d'aujourd'hui

En Afrique, les mercenaires ne sont pas près de disparaître

Tatiana Smirnova et Jalel Harchaoui Par Tatiana Smirnova et Jalel Harchaoui
fr Français▼
X
ar العربيةzh-CN 简体中文en Englishfr Françaisde Deutschpt Portuguêsru Русскийes Españoltr Türkçe
mercredi 7 décembre 2022, à 9:07
Dans L'Afrique d'aujourd'hui
A A
Wagner

La compagnie militaire privée Wagner est à la fois un outil du Kremlin, une entreprise privée et un groupe de mercenaires. Ce qui la rend difficile à appréhender. Mais d’autres mercenaires œuvrent sur le continent.

L’histoire de la compagnie militaire privée (CMP) « Wagner » reste aujourd’hui un domaine exploré d’abord et avant tout par les journalistes. En termes d’études de terrain et d’observations empiriques, les chercheurs universitaires ne consacrent pas suffisamment de recherches à ce phénomène. Il est impératif de remédier à cet angle mort académique en étudiant les mercenaires russes avec la même rigueur que les autres acteurs de la vie politique et militaire internationale.

Un cadre d’analyse tronqué

Aujourd’hui, le récit médiatique tournant autour de Wagner, une compagne militaire privée connue depuis 2014 pour ses liens étroits avec l’État russe, ne cesse d’être recyclé, parfois enrichi de personnages supplémentaires ou d’une anecdote nouvelle – mais sans percée analytique, travail que seul le monde universitaire peut réaliser.

Par exemple, le businessman russe Evguéni Prigojine, connu pour sa proximité avec Vladimir Poutine, a récemment reconnu être le fondateur et patron de Wagner, ce qui a donné lieu dans les médias à une avalanche d’articles qui ne nous ont finalement rien appris de substantiellement nouveau sur le fonctionnement ou l’organisation du groupe.

Les divers articles de presse consacrés à Wagner donnent également peu d’éléments sur les effets, pourtant profonds et complexes, qu’a la présence des mercenaires sur le tissu social et sur la gouvernance locale dans les territoires en guerre. On ne sait presque rien de la façon dont le groupe est perçu par les communautés résidant dans les zones où il agit.

De plus, la situation géopolitique actuelle, qui encourage une prise de parti « pour ou contre les Russes », déforme les cadres d’analyse et engendre des narrations unidimensionnelles. L’un des résultats de cette polarisation simpliste mais amère est l’illusion que la Russie finira bientôt par quitter l’Afrique, puisqu’elle aurait besoin de redéployer ses hommes, y compris ceux de Wagner, pour les besoins de sa guerre en Ukraine.

Or la fragilité sociale croissante et les crises de légitimité politique qui se succèdent dans les pays africains où opère actuellement Wagner – par exemple, la RCA, le Mali, la Libye, le Soudan – créent un terreau favorable à l’expansion durable d’une nouvelle forme de CMP. Dans tous les cas, la « demande » à laquelle Wagner répond – celle des élites militaires locales pour des services sécuritaires sans contraintes vis-à-vis des droits humains – n’est pas près de s’estomper. En effet, une tendance générale vers un autoritarisme plus dur et moins contesté par les démocraties occidentales semble persister.

Wagner, une manifestation de la privatisation de la sécurité au niveau mondial

Par défaut d’approfondissement académique, la lecture actuelle reste focalisée sur les relations entre les États et, par conséquent, passe à côté de deux dynamiques importantes : la position des CMP russes dans un contexte marqué par la privatisation mondiale des services sécuritaires ; et les effets locaux de leurs opérations.

Or ces deux éléments ont une forte incidence sur la dynamique des conflits. Concernant Wagner, donc, il est urgent de se distancier du récit sur la compétition entre grandes puissances. La principale difficulté d’analyse ici réside dans le fait que les CMP russes, dont Wagner, mais aussi Patriot, Sewa Security Services, ou encore Shchit sont un produit de la politique intérieure du pays. Bien que protéiformes, elles restent toutes liées au Kremlin. La présence de ces forces semi-étatiques dans des pays en guerre, notamment l’Ukraine, la Syrie et la Libye, va de pair avec les intérêts militaires, politiques et économiques de la Russie.

Pourtant, en considérant Wagner du point de vue de la tendance générale de la privatisation de la sécurité, on se rend compte que le groupe n’est pas un phénomène isolé. Bien avant Wagner, en effet, deux autres compagnies avaient déjà transformé la privatisation de la guerre : Executive Outcomes (EO) et Blackwater.

Wagner dans la foulée d’Executive Outcomes et de Blackwater

En 1989, Eeben Barlow, un ancien lieutenant-colonel des forces de défense d’Afrique du Sud, a fondé Executive Outcomes en recrutant les militaires à partir des membres des unités dissoutes suite à la fin de l’apartheid. Barlow présentait sa compagnie comme une alternative aux Casques bleus. Les interventions de EO en Angola et en Sierra Leone en 1992 et en 1995-1997 respectivement ont contribué à la mise en œuvre de cessez-le-feu dans ces deux pays. En 1996, les forces gouvernementales en Sierra Leone, soutenues par EO, ont maîtrisé les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) (Executive Outcomes s’y fera payer en partie avec des concessions diamantifères). En Angola, cette compagnie militaire a combattu au nom du gouvernement angolais contre l’UNITA après le refus de cette dernière d’accepter les résultats des élections en 1992. Dans les deux cas, la « réussite » des opérations pourrait s’expliquer par l’usage de la force sans les contraintes traditionnellement rattachées aux États. Cependant, l’attribution à EO de droits miniers a suscité l’inquiétude des diplomates et été critiquée par les médias.

La « guerre mondiale contre le terrorisme » déclenchée en 2001 a fait passer à la vitesse supérieure la privatisation de la guerre par les États-Unis. En 2010, les effectifs des compagnies militaires privées dépassaient ceux des troupes américaines en Irak et en Afghanistan. Les grandes CMP, dont la plus connue est Blackwater, ont présenté leurs services comme faisant partie de la « force totale » de l’armée américaine. Elles recrutaient au sein de l’armée, embauchaient des hauts fonctionnaires pour obtenir leurs entrées dans les réseaux gouvernementaux, recrutaient des militaires en Amérique latine pour les opérations en Irak et s’engageaient dans les combat directs contre les insurgés.

Dans son livre de 2014, The Modern Mercenary, le spécialiste des questions de sécurité Sean McFate a divisé les CMP en deux types : d’une part, les sociétés mercenaires ; de l’autre, les entrepreneurs militaires.

Les sociétés mercenaires, comme EO, sont des armées privées qui « mènent des campagnes militaires autonomes ». Les entrepreneurs militaires, tels que Blackwater, « renforcent les forces armées régulières » d’un État puissant. McFate estimait que ces deux types de CMP pouvaient fusionner en une nouvelle catégorie, qui offrirait des « services orientés vers le combat » et en accordant encore moins d’attention aux droits humains.

Le groupe Wagner pourrait bien représenter cette nouvelle catégorie de CMP : à la fois société mercenaire et entreprise militaire. Le groupe présente son entreprise comme se trouvant au cœur de l’intérêt national russe, et recrute au sein de l’armée russe ainsi que dans des pays tiers.

L’Afrique, Eldorado des mercenaires

Il n’y a rien de surprenant à ce que les CMP russes soient actives en Afrique. Le continent est un marché important pour toutes les CMP.

Les CMP russes ne sont pas d’ailleurs les seuls mercenaires à y opérer. En octobre 2020 les représentants des deux camps libyens rivaux ont signé un accord soutenu par les Nations unies, qui engageait le deux parties à cesser de faire appel aux mercenaires étrangers. L’accord s’était concentré sur le rôle des CMP russes, c’est-à dire le groupe Wagner et les mercenaires syriens embauchés par la Turquie.

Le conflit libyen met en présence de nombreux hommes payés à se battre : rebelles soudanais et tchadiens, combattants venant du sud libyen recrutés au nord et jeunes hommes à travers le pays qui prêtent leurs services à un camp comme à l’autre. On retrouve donc en Libye bien des individus correspondant à la définition ambiguë du terme de « mercenaire » que donne le droit international, mais les narratifs stratégiques circulant dans les capitales occidentales tendent à effacer les distinctions qui existent entre eux.

En Republique centrafricaine, l’ex-président François Bozizé arrive au pouvoir en 2003 avec le soutien de mercenaires tchadiens. En 2013, il est renversé par la rébellion Séléka, comprenant de nombreux mercenaires du Soudan et du Tchad. Pour revenir au pouvoir, Bozizé il mobilise des groupes d’autodéfense à prédominance chrétienne, les anti-Balaka, pour combattre la Séléka, à prédominance musulmane. Une guerre civile éclate en 2013 ; surgissent alors de nombreux groupes armés dont les alliances dépassent fréquemment des divisions à connotation religieuse.

Wagner apparaît en 2017 en tant que soutien des forces armées centrafricaines combattant plusieurs groupes, notamment les six groupes armés (3R, UPC, FPRC, MPC, et deux groupes anti-Balaka) réunis par Bozizé en 2020 pour renverser le gouvernement. Le groupe le plus fort, l’UPC, tout comme d’autres groupes armés qui combattent Wagner, recrute ses combattants à l’extérieur de la RCA. L’un des principaux responsables des opérations de Wagner en RCA a passé des années au sein de la Légion étrangère française, qui a une longue histoire en RCA.

Un contexte favorable aux CMP

Les chercheurs doivent apprendre comment les dynamiques des conflits locaux influent sur les opérations des CMP. Les CMP russes sont accusées de violations des droits de l’homme en Libye, en RCA, au Soudan et au Mali. Mais le type, l’ampleur et la portée de ces violations diffèrent selon les conflits et reflètent souvent des modèles préexistants à leur arrivée.

L’essor des CMP de nouvelle génération est en partie lié à la crise de légitimité des opérations de paix onusiennes. Les interventions de maintien de la paix ont souvent échoué à protéger les civils, encouragé la violence et renforcé le pouvoir de dirigeants autoritaires. L’attrait des « solutions militaires » comme alternative est de retour. Mais aujourd’hui, les missions onusiennes et celles déployées par des mercenaires se déroulent sur les mêmes théâtres – c’est le cas au Mali, en RCA ou en Libye –, ce qui engendre des tensions croissantes.

Les définitions usuelles des mercenaires ne rendent pas compte du rôle considérable qu’ils jouent aujourd’hui dans les conflits. Les CMP russes mènent leurs opérations dans des régions ou une proportion significative de la population porte les armes et où la violence est de plus en plus banalisée. Le nouveau type de CMP peut agir comme des mercenaires régionaux dans un conflit, et comme des forces professionnelles soutenues par l’État dans un autre.

Le domaine de la résolution des conflits doit prendre pleinement en compte le phénomène des mercenaires. Malgré les théories selon lesquelles les processus de paix devraient inclure toutes les parties armées à un conflit, les normes d’inclusion sont souvent arbitraires. Les mercenaires et ceux considérés comme « terroristes » y sont généralement exclus. Il a fallu des années après le 11 Septembre pour voir une plus grande ouverture au dialogue avec les djihadistes au Sahel.

Ne pas tenir compte des effets locaux de l’enracinement des djihadistes s’est révélé une erreur. La même erreur doit être évitée avec les CMP, car les répercussions de leur action sur les communautés locales et sur les processus de paix sont importantes. Dans le cadre de leur mission visant à faciliter les corridors humanitaires et à contribuer à la protection des vies civiles, les organisations internationales ont le devoir de trouver des moyens de comprendre le fonctionnement des mercenaires, y compris les CMP russes, et de les inclure dans les processus de paix. Prendre ces acteurs en considération est urgent d’un point de vue empirique, et cela nécessite de nouveaux efforts de recherche indépendante.

Wagner est le produit de changements structurels qui affectent de manière sensible la gouvernance locale, le maintien de la paix, les mécanismes de résolution de conflits et les opérations humanitaires. La prestation offerte par la Russie s’est avérée si attrayante que d’autres nations chercheront inévitablement à imiter son modèle caractérisé par une forte adaptabilité concernant le financement de la mission en fonction des opportunités locales.


Cet article a été co-écrit avec John Lechner, journaliste et chercheur indépendant.The Conversation

Tatiana Smirnova, Chercheuse, Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix, Universitité de Québec à Montréal, Université du Québec à Montréal (UQAM) and Jalel Harchaoui, Senior Fellow, Global Initiative against Transnational Organized Crime, Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Tags: a la unePolitique
Article précédent

Coupe du monde: les performances africaines marquent un tournant dans le football

Article suivant

Le Maroc emmène l’Afrique et les pays arabes sur le toit du monde

Tatiana Smirnova et Jalel Harchaoui

Tatiana Smirnova et Jalel Harchaoui

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Toute l'actualité Sur AFLIP
  • Afrique du Sud
  • Algérie
  • Angola
  • Bénin
  • Botswana
  • Burkina Faso
  • Burundi
  • Cameroun
  • Cap-Vert
  • Centrafrique
  • Comores
  • Côte d'Ivoire
  • Djibouti
  • Égypte
  • Érythrée
  • Éthiopie
  • Gabon
  • Gambie
  • Ghana
  • Guinée
  • Guinée-Bissau
  • Guinée équatoriale
  • Kenya
  • Lesotho
  • Liberia
  • Libye
  • Madagascar
  • Malawi
  • Mali
  • Maroc
  • Maurice
  • Mauritanie
  • Mozambique
  • Namibie
  • Niger
  • Nigeria
  • Ouganda
  • République du Congo
  • RD Congo
  • Rwanda
  • São Tomé-et-Príncipe
  • Sénégal
  • Seychelles
  • Sierra Leone
  • Somalie
  • Soudan
  • Soudan du Sud
  • Swaziland
  • Tanzanie
  • Tchad
  • Tunisie
  • Togo
  • Zambie
  • Zimbabwe

Maghreb & Moyen-Orient

  • Algérie
  • Égypte
  • Libye
  • Maroc
  • Mauritanie
  • Moyen-Orient
  • Tunisie

Afrique de l’Ouest

  • Bénin
  • Burkina Faso
  • Cap-Vert
  • Côte d’Ivoire
  • Gambie
  • Ghana
  • Guinée Conakry
  • Guinée-Bissau
  • Liberia
  • Mali
  • Niger
  • Nigeria
  • Sénégal
  • Sierra Leone
  • Togo

Afrique centrale

  • République centrafricaine
  • Cameroun
  • Gabon
  • Guinée équatoriale
  • République démocratique du Congo
  • République du Congo
  • Tchad
  • São Tomé-et-Principe

Afrique de l’Est

  • Burundi
  • Djibouti
  • Érythrée
  • Éthiopie
  • Kenya
  • Ouganda
  • Rwanda
  • Somalie
  • Soudan
  • Soudan du Sud
  • Tanzanie

Afrique australe et océan Indien

  • Afrique du Sud
  • Angola
  • Botswana
  • Comores
  • Lesotho
  • Madagascar
  • Malawi
  • Maurice
  • Mozambique
  • Namibie
  • Seychelles
  • Eswatini
  • Zambie
  • Zimbabwe
  • Qui sommes-nous ?
  • L’Edito
  • Mentions légales
  • Contact
  • Can 2021
العربية AR 简体中文 ZH-CN English EN Français FR Deutsch DE Português PT Русский RU Español ES Türkçe TR

© 2022 Le journal de l'Afrique.

No Result
View All Result
  • Accueil
  • L’Afrique d’après
  • L’Afrique d’hier
  • L’Afrique d’aujourd’hui
  • Emploi
  • Passeports
  • Can 2021
  • Contact

© 2022 Le journal de l'Afrique.

Welcome Back!

Login to your account below

Forgotten Password?

Create New Account!

Fill the forms below to register

All fields are required. Log In

Retrieve your password

Please enter your username or email address to reset your password.

Log In

Add New Playlist

Go to mobile version