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Comment, depuis 2000, l’espérance de vie en Afrique a progressé de 10 ans

L’espérance de vie en bonne santé a progressé de 10 ans entre 2000 et 2019 sur le continent. La lutte contre les maladies infectieuses et l’amélioration des services de santé expliquent ces progrès.

L’espérance de vie en bonne santé ou le nombre d’années pendant lesquelles un individu jouit d’un bon état de santé, selon l’Organisation mondiale de la santé, a progressé en Afrique, passant de 46 ans en 2000 à 56 ans en 2019, soit une augmentation de 10 ans.

C’est ce que révèle le récent rapport intitulé « Suivi de la Couverture sanitaire universelle dans la région africaine de l’OMS, 2022 », publié par l’agence spécialisée.

Ce résultat a été obtenu en grande partie grâce à la prise en charge rapide et efficace de maladies comme le paludisme, la tuberculose et le VIH/Sida; ainsi que de l’amélioration des services en matière de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile.

Interrogé par SciDev.Net, Humphrey Karamagi, responsable du développement des systèmes de santé au Bureau Afrique de l’OMS, situe l’intérêt de ce rapport à trois niveaux.

De prime abord, il déclare que le résultat « montre à l’Africain ordinaire que les initiatives mises en place dans le domaine de la santé peuvent fonctionner et fonctionnent effectivement ».

Puis, il ajoute que ces recherches sur l’espérance de vie sur le continent, devraient permettre aux gouvernements locaux et leurs partenaires de constater que les investissements réalisés dans le domaine de la santé ont un impact certain sur les populations.

De bons scores qui pourraient conduire les bailleurs de fonds à investir davantage dans les systèmes de santé en Afrique.

Finalement, soutient Humphrey Karamagi, « l’information permet à l’Africain ordinaire de demander des comptes à ses responsables de la santé, puisqu’il peut comparer sa santé à celle des autres ».

Déterminants

Même s’il admet que les progrès dans ces domaines ont pu contribuer à prolonger l’espérance de vie en Afrique, Jérôme Ateudjieu, cadre de recherche à la division de la recherche opérationnelle en santé au ministère de la Santé publique du Cameroun, pousse un peu plus loin l’analyse.

« Je pense que le rapport est cohérent avec la réalité mais les déterminants de l’augmentation de l’espérance de la vie doivent être explorés en prenant aussi en compte les paramètres démographiques, l’accès à l’éducation et la proportion de plus en plus croissante de la classe moyenne dans la population », confie-t-il a SciDev.Net.

« Nous pensons que l’amélioration de la gestion des maladies va de pair avec des améliorations sociales, environnementales, économiques et politiques concomitantes pour une amélioration généralisée et durable de la santé et du bien-être », répond Humphrey Karamagi.

Toutefois, l’espérance de vie en bonne santé en Afrique reste inférieure à la moyenne mondiale qui est de 64 ans.

Cet écart s’explique par le fait que dans les pays où l’espérance de vie est optimale, l’on ne meurt presque pas de maladies infectieuses comme c’est le cas en Afrique mais de maladies non infectieuses comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité et ses complications, soutient Anastase Dzuidie, enseignant et cardiologue-rythmologue en service à l’hôpital général de Douala.

« L’Afrique gagnerait, selon Anastase Dzudié, à prendre de l’avance sur ces maladies non infectieuses en faisant la promotion d’une alimentation équilibrée, de la pratique des exercices physiques, de la limitation du stress et de la mise en place d’une couverture médicale universelle », dit-il.

Progrès

Pour Humphrey Karamagi, si l’Afrique souhaite maintenir ou rattraper la moyenne mondiale de l’espérance de vie en bonne santé dans les prochaines décennies, les pays devraient investir dans l’amélioration de la résilience de leurs services de santé.

Cela signifie que « les services de santé sont mieux à même de faire face à des chocs comme la COVID-19, et de maintenir leurs services sans interruption. C’est principalement en améliorant la résilience que les progrès réalisés ne sont pas menacés par de futurs événements de choc », préconise-t-il.

Jérôme Ateudjieu pense pour sa part qu’«il faudrait mettre sur pied une politique permettant de réduire les effets négatifs de la pandémie sur la productivité et sur le système de santé et conduire les études pour identifier les interventions pouvant contribuer à l’amélioration de la couverture vaccinale ».

Selon Humphrey Karamagi, l’Afrique doit également faire des progrès sur le plan environnemental à travers une meilleure gestion du changement climatique, des logements, l’urbanisation et la pollution atmosphérique.

Cet article a été publié sur la version française de SciDev.net et est reproduit avec leur autorisation.

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