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Burkina Faso : pourquoi l’opération antiterroriste « Houné » est un succès

L’opération « Houné » de l’armée nationale du Burkina Faso conclut sa première semaine sur un excellent bilan.  27 terroristes ont été neutralisés et 4 bases de Daech ont été détruites. Une occasion pour l’armée d’affirmer son indépendance et son efficacité.

Une opération militaire des forces armées burkinabé est en cours depuis le 5 mai au Nord et dans l’Est du pays. L’offensive s’appelle « Houné », ce qui signifie dignité, en fulfulde, la langue peule burkinabé. Un bilan partiel a été communiqué par l’armée. Pour le moment, on fait état de 22 terroristes tués et 5 capturés. Aussi, quatre bases de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) ont été détruites.

Houné réunit l’armée de terre, l’armée de l’air, la gendarmerie nationale et les unités spéciales burkinabé. L’objectif est de détruire les forces terroristes de la région, sécuriser et rassurer les populations et réaffirmer l’autorité de l’Etat du Burkina Faso. Une équipe de démineur a aussi montré une grande efficacité dès le début de l’opération.

Les groupes armés terroristes du Nord burkinabé ne s’attendaient clairement pas à cette attaque. L’armée a saisi des centaines d’armes légères, des matériaux explosifs et un arsenal de munitions dans les avant-postes capturés. L’arrivée des forces armées a été reçue avec beaucoup de surprise des populations locales, également. Les soldats ont offert des denrées alimentaires dans certains villages afin d’obtenir la coopération des locaux. Aussi anodin que cela semblerait être, il s’agit d’un détail très important.

La paix n’est bâtie que par les enfants du pays

En effet, la reprise des territoires, où sévissent les groupes terroristes au Nord burkinabé, n’est pas rare. Cependant, l’établissement d’une présence permanente de l’Etat est beaucoup plus difficile. Les villages du Nord burkinabé ont été à la merci de l’EIAO et de l’EIGS pendant des mois. Tant et si bien que, certains villageois cachent des éléments terroristes par peur des représailles.

Or, les précédentes grandes offensives de l’armée burkinabé au Nord, Doofu et Otapuanu, n’avaient pas prévu ces faits. Cela a donné lieu à la mort de plusieurs dizaines de soldats. Contrairement, Houné se munit de provisions, autant que d’armes. Ce qui expliquerait les petites victoires récentes et la confiance des locaux.

Néanmoins, la réussite de cette opération s’ajouterait à une longue liste d’arguments contre la présence militaire française au Sahel. En effet, l’opération Barkhane a démontré qu’elle était un facteur contreproductif, notamment au Mali. C’est probablement ce qui a poussé les autorités burkinabés à négocier avec un autre groupe terroriste affilié à Al-Qaïda. Les populations de la zone située entre le Burkina Faso, le Niger et le Mali sont donc en mauvaise posture. Elles changeraient d’avis sur les groupes terroristes que si l’Etat se montre efficace dans le développement des zones libérées.

Seul l’Etat burkinabé peut concrétiser une telle approche. Car malgré les interventions des ONG dans la zone « des trois frontières », les civils restent méfiants à cause des exactions passées de l’armée française. Dans un communiqué conjoint entre la France et trois de ses alliés datant du 27 avril, les pays européens dénoncent les menaces sécuritaires au Burkina Faso. Ces pays parlent d’associer le développement à la sécurité. Toutefois, jusqu’à preuve du contraire, les auteurs de ce communiqué n’ont exporté que des armes et des soldats au Sahel.

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