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Au Niger, la chasse aux militaires de Mohamed Bazoum

Bazoum

Avec la radiation de six officiers de l’armée, Mohamed Bazoum continue sa chasse des responsables de la tentative du putsch de mars 2021. Dans le même temps, le président du Niger a fait arrêter plusieurs ministres…

Après une disparition de deux mois de la scène publique, le président du Niger était réapparu début avril pour annoncer l’arrestation d’« une trentaine de hauts cadres de l’Etat, coupables de malversation ou détournement ». Parmi eux, le ministre de la Communication Mahamadou Zada. Les officiels « croupissent en prison et y resteront longtemps », assure le président nigérien.

Une déclaration pour le moins surprenante, car elle dénonce une instrumentalisation de la justice. Mais pour les Nigériens, cela n’a rien de nouveau. Car depuis le début du mandat de Mohamed Bazoum en mars 2021, le président fait emprisonner toute personne qui risque de menacer son pouvoir.

En effet, Bazoum avait subi deux tentatives de coups d’Etat, dont une avérée, celle de la veille de son investiture le 30 mars 2021. Dans cette affaire, les 6 officiers de l’armée écroués – dont trois colonels – ont été radiés des effectifs, samedi 14 mai, pour « faute grave ».

L’ancien ministre de l’Intérieur, et ex-conseiller de Mahamadou Issoufou, Ibrahima Ousmane Cissé, est également concerné. Depuis l’ambassade nigérienne au Tchad, il aurait « planifié une deuxième tentative de coup d’Etat » en mars 2022.

Corruption au Niger, un cadeau du ciel pour Bazoum

Les services de communication de la présidence du Niger, ainsi que les médias de l’Etat, travaillent durement à légitimer ces vagues successives d’arrestations. Fin avril, les recherches sur l’indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), avaient montré une grosse dissemblance entre les dépenses de l’Etat du Niger et les projets accomplis avec ces fonds.

De quoi confirmer des accusations de corruption, dont la société civile nigérienne s’est saisie. Un rapport du Réseau des Organisations pour la Transparence et l’Analyse Budgétaire (ROTAB) aurait été délivré à Mohamed Bazoum et à la Cour des comptes. Selon ledit rapport, qui n’a pas été publié, 100 millions de dollars auraient été détournés par le gouvernement nigérien en 2021.

Des accusations que le parquet impute à Mahamadou Zada sur fond de l’affaire de la Société de patrimoine des mines du Niger (Sopamine). Mais la Cour des comptes scrute actuellement une affaire de surfacturation de contrats d’armements datant de 2020, ainsi que les achats d’équipements médicaux dans la lutte contre la Covid-19, effectués à « des coûts déraisonnables » selon le ROTAB.

Un président aux abonnés absents

De quoi boucler la boucle quant aux arrestations de ministres et de responsables gouvernementaux, donc, avec de futures arrestations qui s’annoncent. Pendant ce temps, Mohamed Bazoum continue sa purge des Forces armées du Niger (FAN). A ce jour, seules quelques têtes de l’état-major ne sont pas encore tombées pour la tentative de putsch de 2021. Quant à celle de cette année, selon la présidence nigérienne, elle en serait restée au stade de planification.

Mais dans les deux cas, le manque de transparence de la justice, autant que du gouvernement, interroge. D’autant plus que, depuis le coup d’Etat au Burkina Faso voisin, en janvier, Mohamed Bazoum est porté disparu. Outre un déplacement à la COP15 à Abidjan, le président du Niger s’est absenté de toutes ses sorties publiques au Niger comme à l’étranger. Le peuple se pose donc la question : que fait réellement Mohamed Bazoum ?

Lire : [Edito] Niger : Mohamed Bazoum débute un délicat numéro d’équilibriste

 

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