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Au Burkina Faso, les territoires perdus du pouvoir en place

Le capitaine Traoré, président de transition du Burkina Faso, doit faire face à des attaques terroristes meurtrières. Il appelle à l’unité nationale et au respect de la souveraineté, après le départ des soldats français de l’opération Sabre.

Triste ironie du sort : alors que les soldats français de l’opération Sabre ont organisé une cérémonie officielle actant leur départ du Burkina Faso, le pays compte à nouveau ses morts après plusieurs attaques terroristes. Si plusieurs dizaines de militaires français sont encore stationnés dans le pays, le 18 février dernier, les soldats de l’enceinte du camp militaire Bila-Zagré de Kamboinsin ont descendu le drapeau bleu-blanc-rouge pour annoncer la fin de leurs opérations, suite à la demande des autorités du Burkina Faso qui désiraient retrouver leur « souveraineté » dans la lutte antiterroriste.

Mais les regards se sont rapidement tournés vers les zones aujourd’hui contrôlées par les terroristes. Car deux attaques meurtrières ont eu lieu en seulement quatre jours, dans le nord du pays. Un coup dur pour la junte militaire du capitaine Traoré, qui vient d’enregistrer son plus lourd bilan en termes de pertes humaines depuis sa prise de fonctions.

40 % du territoire burkinabè aux mains des terroristes

Au moins 70 soldats burkinabè — le bilan pourrait encore monter ces prochains jours — ont en effet péri entre le 17 et le 19 février, portant le bilan total en 2023 à plus de 200 morts, aussi bien des civils que des militaires. Plus d’une quinzaine de soldats ont trouvé la mort, lundi soir, dans l’Oudalan, non loin de la frontière malienne. Côté terroristes, une dizaines d’entre eux auraient été neutralisés lors de la riposte. Quelques jours plus tôt, une cinquantaine de militaires avaient déjà été tués dans la même province, après une embuscade.

Un coup terrible pour Traoré, qui a toujours reproché à ses prédécesseurs — le président Roch Marc Christian Kaboré, puis le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui avait putsché le premier — de ne pas être efficaces en matière de lutte contre le terrorisme.

Reste que le nouveau président burkinabè de la Transition sait qu’il lui reste du travail pour ramener le calme dans le pays. S’il vise une « victoire finale » triomphante, Traoré sait qu’il devra livrer un « combat parsemé d’embûches ». Politiques et société civile appellent à « cultiver l’esprit d’unité nationale et à soutenir les autorités de la transition, dans leur détermination à restaurer notre intégrité territoriale ».

Lors de sa prise de pouvoir, le capitaine Traoré a annoncé ses objectifs, parmi lesquels celui de « reconquérir » les territoires perdus du Burkina Faso, face à des terroristes qui contrôleraient près de 40 % du territoire national.

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