Site icon Le Journal de l'Afrique

Au Burkina Faso, le gouvernement s’attelle à la réconciliation nationale

Avec la nomination de Zéphrin Diabré au poste de ministre chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, le gouvernement veut oublier les conflits.

Roch Marc Christian Kaboré, réélu président du Burkina Faso en novembre 2020, s’est engagé à faire du projet de réconciliation nationale la priorité de son mandat dans un pays rongé par les conflits. Le Burkina Faso, en proie depuis 2015 à une prolifération des groupes armés et des mouvements djihadistes, qui a conduit à une escalade de la violence en 2019, espère tirer un trait sur son passé. Mais le chantier est gigantesque. L’état d’insécurité a provoqué le déplacement massif des populations du monde rural vers les villes et entraîné le pays dans une spirale de violences inédite.

Avec la montée en puissance des milices d’autodéfense et des groupes armés, le Burkina Faso est entré dans une vague de violences difficile à résorber. Alors, comment réconcilier la population ? Pour le président Kaboré, cette réconciliation nationale passera par la nomination d’un ministre en charge de la mise en place d’un processus de rapprochement.

Le président a fixé le cap, disant que « la réconciliation nationale ne saurait faire l’économie des crimes de sang, des crimes économiques et politiques ». Pour le ministre en charge de la question, il s’agit de « préparer des concertations régionales pour écouter les acteurs, leurs plaintes et leurs ressentiments, et imaginer des solutions qui peuvent être mises en place localement ». Ensuite, il faudra « organiser un forum national, avec toutes les forces sociales ». Un processus qui fait débat au Burkina, où les populations veulent honorer les victimes sans pour autant pardonner.

Le régime en place, lui, souhaite tourner la page. Les victimes de l’insurrection de 2014 et du coup d’Etat de 2015 demandent justice. Pour elles, la vérité ne peut être sacrifiée sur l’autel de la réconciliation et du pardon. Sur fond de crise communautaire, des figures coutumières émergent, tentant de jouer les réconciliateurs.

C’est le cas de Jean-Pierre Ligdi Kaboré, alias Wemba Ligdi, chef coutumier mossi du quartier populaire de Wemtenga à Ouagadougou, et ancien chef cuisinier, qui s’est donné pour mission de régler des conflits personnels, intra ou intercommunautaires. Très sollicité, avec une voix qui porte, il écoute et trouve un règlement à l’amiable. Cette tradition de médiation fait dialoguer les communautés locales, et pourrait finalement être plus efficace, pour un règlement pacifique du conflit burkinabè, que la désignation d’un ministre censé tout régler.

Quitter la version mobile