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Arbitrage, tests PCR, conditions d’hébergement… La CAN de la honte

Si la CAN 2021 tient sportivement ses promesses, la Confédération africaine de football semble dépassée. Les scandales se multiplient lors de cette compétition.

Novembre 2018. Alors que le Cameroun doit accueillir la Coupe d’Afrique des nations quelques mois plus tard, la Confédération africaine de football (CAF) décide de retirer l’organisation au pays hôte. C’est l’Egypte qui, au pied levé, accueille alors les différentes sélections. A l’époque, la CAF peut compter sur un allié de poids : Lagardère Sports. Lagardère Sports avait l’avantage d’être un partenaire privilégié de la Confédération. « L’organisation passait forcément par Lagardère Sports, qui avait des standards élevés, que l’on ne retrouve plus désormais », se souvient un ancien cadre de la société française.

Quelques mois plus tard, fin 2019, le comité exécutif de la CAF avait résilié son contrat avec l’agence qui commercialisait les droits médias et marketing des tournois. Et si de nombreux scandales ont émaillé la CAN 2021, c’est en partie, selon cette même source, « parce que Lagardère Sports avait pris l’habitude de tout organiser », reléguant la CAF à un simple rôle d’observateur. Alors, forcément, mettre en place une Coupe d’Afrique des nations, dans un contexte sanitaire complexe, n’a pas été un mince affaire pour la CAF. Dépassée, l’instance présidée par le Sud-Africain Patrice Motsepe a multiplié les impairs. « C’est aujourd’hui une CAN de la honte, qu’organise la CAF », résume un proche de la Confédération sous couvert d’anonymat.

Les joueurs gambiens « pas respectés »

La situation des joueurs gambiens au Cameroun fait partie de la longue liste de scandales. Le sélectionneur Tom Saintfiet assure que ses joueurs « ne sont pas respectés » à l’aube de leur match contre la Guinée, ce lundi. Le coach indique que ses joueurs sont logés dans « un mauvais hôtel », que « six joueurs dorment dans la même chambre, avec le même sanitaire, la même douche » et que « seuls deux, trois membres du staff ont une chambre ‘single’, les autres dorment à deux dans le même lit ».

L’arbitrage toujours défaillant

Un scandale qui est loin d’être le premier de cette CAN. Lors du match entre la Tunisie et le Mali, l’arbitre avait sifflé trois fois la fin du match de façon prématurée. Une situation rocambolesque qui avait provoqué l’incompréhension de la CAF qui avait affirmé, après la rencontre, n’être « pas en mesure de faire d’autres commentaires tant que les instances responsables n’ont pas indiqué la voie à suivre ». Dépourvue, la Confédération africaine de football avait alors annoncé lancer une enquête. Mais dans le même temps, Janny Sikazwe, l’arbitre au cœur de la polémique, avait été affecté par la CAF au VAR.

Autre affaire arbitrale qui a secoué cette CAN : un but refusé pour un hors-jeu inexistant de l’Algérie contre la Guinée équatoriale. De quoi faire fulminer Belmadi, le sélectionneur algérien. Alors qu’il a été annoncé, un temps, que le VAR ne fonctionnait pas à cause d’un problème technique, la CAF a démenti et simplement indiqué que le hors-jeu était tellement net qu’il n’avait pas nécessité l’intervention de la vidéo.

Les règles sanitaires modifiées en pleine compétition

Dernier scandale en date : le protocole sanitaire. La CAF avait, avant la compétition, édicté toute une série de règles pour éviter les contaminations. Initialement, les instances avaient écrit que « si le résultat du test PCR Covid-19 d’un joueur est positif, ce joueur ne sera pas autorisé à se rendre au stade ou à participer au match concerné », affirmant en plus qu’« en cas d’absence d’un gardien de but, un autre joueur de l’équipe doit remplacer le gardien de but, à condition que le nombre total de joueurs disponibles soit d’au moins onze ». Des dérogations ont cependant été délivrées comme à la Tunisie avant le match contre le Nigeria. Mais les Comores n’auront certainement pas cette chance.


Alors que, au début de la CAN, « un joueur positif devait s’isoler et pouvait être testé toutes les 48 heures », jusqu’à être négatif et pouvoir sortir de son isolement, résume le journaliste Romain Molina, « depuis hier 17h par mail, le corps médical de la CAF a changé cela et imposé un protocole ». De quoi pénaliser les Comores.

Un autre journaliste, Philippe Auclair, rappelle de son côté que le responsable des affaires médicales au sein du comité exécutif de la CAF n’est autre que le président de la Fédération tunisienne de football. De là à penser qu’il existe un lien de cause à effet…

Des stades vides

Autre phénomène de cette CAN 2021, le public boude les stades. Si plusieurs pays participants ont facilité le déplacement des supporters en direction de Yaoundé, des centaines se retrouvent finalement interdits d’entrée car leur pass sanitaire n’est pas conforme aux normes ou leur authenticité vérifiable.

Mais c’est du côté des spectateurs camerounais que le bât blesse, seulement 2,5 % de la population est actuellement vaccinée. Lors de la rencontre des Lions indomptables contre Le Burkina Faso, ou encore contre le Cap-Vert, les stades sonnaient creux. Jusqu’à maintenant, un maximum de 18 000 supporters ont été présents au même match.

Mais lorsqu’on observe les clichés sur les matches de la CAN, il est rare de voir la distanciation sociale respectée, alors que c’est la raison du rétrécissement du nombre de spectateurs autorisés. De plus, les billets qui coûtent, au minimum, 4 000 FCFA, découragent de nombreux fans d’assister aux rencontres.

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