Site icon Le Journal de l'Afrique

Afrique du Sud : Misuzulu difficilement nommé roi des Zoulous

Après le décès du roi des Zoulous et sa veuve, ce sera le fils aîné de Goodwill Zwelithini, Misuzulu, qui lui succèdera sur le trône. Le processus a toutefois subi quelques quiproquos.

Le fils aîné du défunt roi zoulou Goodwill Zwelithini a été choisi comme successeur. Après le décès de son père, c’était sa mère, la reine Dlamini qui a été désignée régente par le conseil des ainés. Ce choix s’explique par une volonté de la famille royale d’éviter les querelles inutiles. Toutefois, le royaume n’y a finalement pas échappé.

Au Palais royal Zwakhangelamankengane, un prêtre a publiquement lu le testament de Dlamini. Il y désigne Misuzulu comme son successeur, et roi du vaste royaume. Des membres de la famille ont alors ouvertement désapprouvé cette décision. Des affrontements s’en sont suivis. La garde royale a donc escorté le nouveau roi hors du palais.

C’est un autre prince, Zhokozani, qui a été à l’origine des protestations. Selon lui, Misuzulu n’aurait pas été nommé par Goodwill. La seconde épouse du défunt roi, ainsi que ses fils, ont donc attaqué Misuzulu. Ses gardes du corps l’ont alors emmené hors de la salle de réunion. Avant de l’escorter loin du palais en voiture.

Des querelles familiales

La nation zouloue compte 11 millions d’habitants. La régente, Dlamini, représentait l’idéologie xénophobe de son mari Goodwill Zwelithini. Cependant, son choix de succession soulève de nombreuses questions. Il n’est pas coutume pour les Zoulous de choisir le premier fils du roi comme successeur. Surtout, Misuzulu n’était pas favori auprès du cercle de son père. En effet, le nouveau roi ne faisait pas partie du testament de Goodwill. Un testament qui, depuis mars, a été discuté dans les tribunaux. Néanmoins, personne, même parmi les Zoulous, ne s’est réellement indigné de cela. Le vrai souci qui crée les divisions au sein de la famille royale est la personnalité de Misuzulu.

Le nouveau roi, âgé de 46 ans, a été éduqué aux Etats-Unis et contraste clairement avec la politique de ses parents. Feu Goodwill Zwelithini avait vécu l’apartheid et son long règne était chargé de polémiques. Ses nombreuses déclarations xénophobes ont fait la une des journaux pendant des années. De plus, la décision de Goodwill de permettre la danse du roseau avait été hautement controversée. Parmi les six épouses et les 28 enfants de Goodwill, Misuzulu était le plus éloigné de ce contexte. Le nouveau roi est moderne. Et même si sa mère adhérait à la politique de Goodwill, du fait de son testament, elle voulait clairement rompre avec le passé.

Le choix de la paix signifierait-il celui de la continuité ?

Il semblerait finalement que la famille ait fini par régler le différent en interne. Samedi, les Zwelithini ont tenu une conférence de presse. Le Premier ministre zoulou, Mangosuthu Buthelezi, a annoncé son soutien à Misuzulu. Selon lui, la famille approuve le choix de la défunte Dlamini. Néanmoins, un accord n’aurait pas été possible sans le soutien de Zhokozani et de la faction rigoriste. Le nouveau roi devra probablement composer avec les caprices des contestataires dès le début de son règne. Il devra sans doute déterminer la position du royaume envers l’Afrique du Sud. Aussi, la politique zouloue envers les étrangers fera partie des priorités du rois.

Enfin, au milieu d’un scandale dont fait objet le Congrès national africain (ANC), une autre décision s’impose. Les Zoulous sont représentés au sein du parlement sud-africain. Ils devront sans doute apporter leur soutien à l’un des partis politiques majeurs du pays. Si la nation zouloue se range du côté de l’ANC, cela signifierait le soutien du cinquième de la population sud-africaine en faveur de Cyril Ramaphosa. Dans le cas contraire, si les Zoulous soutiennent l’Inkatha, les querelles avec le gouvernement continueront. De surcroît, l’ANC serait menacé de sanctions, et Ramaphosa de destitution.

Quitter la version mobile